1 an après avoir explosé avec le morceau Eh Oh, Gambi dévoile un premier album calculé et impersonnel.
Mais ne vous y méprenez pas : ce délai d’un an n’est pas le fait d’une quelconque volonté d’approfondissement, de densité ou de rigueur. La Vie Est Belle n’est pas un album de labeur. L’écriture y est faible, handicapée par un propos répétitif et sans saveur. Le fond est lui, inexistant.
Il transparaît d’ailleurs assez vite à l’écoute de l’album qu’il n’existe finalement que 2 Gambi : celui d’avant (Eh Oh, Merci la Hess) et celui post-succès (Côte d’Azur, MACINTOSH). Cette dualité omniprésente sert de cache-misère à un personnage finalement très peu intéressant. La part à l’introspection est elle, quasi-inexistante (quelques bribes sur VIVRE), mais l’on comprend bien vite que ce n’est pas le but de Gambi.
Les ambitions de Gambi
Avec cet album, Gambi a cherché à maîtriser la science du hit. L’album est conçu, optimisé et élaboré pour être viral et efficace. Cet utilitarisme forcené est l’ADN de La Vie Est Belle. Tout est agencé pour marcher, fonctionner, en accord avec les critères de son époque. Les ambitions sont plus mécaniques qu’artistiques. Le disque est un condensé de ce qui marche actuellement : morceaux courts, titres succincts et faciles à retenir, mélodies inspirées/copiées de grands succès, reprises de gimmicks, matraquage de refrains répétitifs et très faciles à retenir, mélasse musicale techno/rap & pop/rap. Les refrains sont réduits à leur expression la plus simple, comme si la répétition permettait d’ancrer encore un peu plus le hit en devenir dans l’esprit des auditeurs.
L’écoute du projet donne donc la désagréable impression d’un calcul froid, objectif et basé sur les critères viraux de son époque. Ce manque d’âme explique en partie pourquoi l’album est raté, il n’y a pas d’émotions particulières et même la gaieté semble être calculée. Gambi s’enferme dans un format type. Il n’est plus question de rap mais de remplir un cahier des charges intitulé Viralité.
« J’t’envoie un son pop, ne m’parle pas d’ton rap »
Gambi – J’deviens fou
Une excellente production en guise de cache-sexe
La Vie Est Belle est un album très bien produit. Bâti par une armée de producteurs expérimentés, l’aspect musical est redoutablement efficace sur le plan technique. C’est au niveau des intentions que le bat blesse. Un peu comme cette nouvelle tendance de reprendre des hits des années 80 dans le rap français, la production de La Vie Est Belle n’est pas originale. Quasiment chaque production donne une impression de déjà-vu et l’album n’a pas d’identité propre.
Les inspirations de l’album sont calculées en fonction de ce qu’elles peuvent appeler en nous : les sonorités de T’Choupi, des Black Eyed Peas ou encore de David Guetta ôtent toute couleur musicale à l’album, qui ressemble plus à un pot-pourri qu’une véritable expérience. Les productions de l’album rappellent quelque chose au lieu de créer un univers véritablement novateur.
Les productions n’en demeurent pas moins réussies. Cela pourrait même faire dire à certains qui d’habitude, détestent Gambi : « bon l’album est pas si mal ». Mais La Vie Est Belle reste, en dépit des apparences, une compilation de morceaux médiocres. Un mauvais album emballé dans de la soie. Bien évidemment, une production suffisamment bien amenée peut servir de base à un hit estival ou un banger. Cependant, qui le porte ? Pas Gambi, qui délivre des performances dénuées de toute transcendance. L’album s’écoute très bien en arrière-plan sonore, mais ses ambitions s’arrêtent là.
Étouffé par des productions beaucoup trop qualitatives pour son niveau, condamné à tenter de concevoir des refrains et des gimmicks viraux, Gambi n’a pas pied sur cet album. Merci La Hess, Côte d’Azur et Vivre se distinguent légèrement du reste, mais le niveau est tellement bas que cela ne suffit désormais plus.