Un an après la sortie du succès mondial Beerbongs & Bentleys, Post Malone revient avec un troisième album persistant dans sa lignée de mélanges des genres, entre rap et rock. Hollywood’s Bleeding se devait donc d’être à la hauteur des succès commerciaux précédents. Ce qui peut expliquer le manque de nouveauté observé à l’écoute ; néanmoins, Post Malone conserve toute son originalité.
De rappeur Soundcloud à Rockstar
Post Malone s’est fait connaître en 2015 grâce au titre White Iverson, produit par Rex Kudo, sorte de banger mélancolique typique du Soundcloud Rap de l’époque.
Moins de 24 heures après la publication du morceau sur Soundcloud, Mac Miller et Wiz Khalifa tweetaient sur le morceau et l’histoire de Posty était lancée. Une mixtape et un album (Stoney) suivirent, avec des hits tels que Congratulations en collaboration avec Quavo, Too Young et Go Flex.
En 2018 sort l’album Beerbongs & Benleys, titre à l’image des deux passions du rappeur : la bière et les belles voitures, comme on peut l’observer dans un documentaire du média noisey.
Il sera certifié disque de platine aux États-Unis quatre jours après sa sortie. Le mélange des genres typique de Post Malone lui a permis de remporter à la fois l’American Music Award du meilleur artiste pop/rock masculin et du meilleur album rap/hip hop.
Les titres Rockstar en collaboration avec 21 Savage et Better Now furent des succès majeurs. Tant et si bien que Beerbongs & Bentleys, Rockstar et Better Now furent nominés dans différentes catégories aux Grammy Awards.
Un casting de rêve en matière de collaborations
Le 31 août dernier Post Malone a partagé la liste des collaborations que l’on entendrait sur Hollywood’s Bleeding. L’album est sorti le 6 septembre 2019.
Post Malone a réuni des personnalités diverses. Avec à la fois une légende du heavy metal, Ozzy Osbourne. Ou bien les rappeurs – parmi – les plus côtés du moment, DaBaby et Lil Baby. Ainsi que des artistes qui font leurs preuves depuis plusieurs années dans leurs genres respectifs. Que ce soit Halsey concernant la pop ou bien encore Future, Meek Mill, Travis Scott, Swae Lee (lui aussi naviguant entre les genres), concernant le hip hop. Idem pour SZA concernant le r’n’b. Post Malone avait pour objectif de s’entourer des meilleur.e.s artistes du moment.
Un fil conducteur rock/rap respecté
Le ton est donné dès le premier titre de l’album ; intitulé Hollywood’s Bleeding, le morceau d’ouverture illustre parfaitement le reste de l’album. Ce titre s’ouvre comme une ballade rock jusqu’au drop de l’instrumental, clairement rap. Post Malone lui même s’adapte aux changements de beat et passe d’un chant à un flow rappé.
L’album peut clairement être divisé en deux parties. D’un côté avec des titres chill/emo trap, à l’image des premiers succès de Post Malone. De l’autre avec des titres rock, illustrant l’attrait que Post Malone a toujours eu pour ce style de musique.
Le côté rap, inhérent à la musique de Post Malone
Le titre Saint-Tropez est un titre qui ravira les fans de la première heure car c’est en quelque sorte une version actualisée, surmontée d’ad-libs goofy à la Madeintyo, d’un Too Young ou d’un White Iverson avec des paroles dans le même univers : « Such a long time… I’ve been waiting for such a long time.. » (en parlant du succès). Le visuel est sorti le 11 septembre 2019 et c’est le cinquième clip de l’album (après Wow., Sunflower, Goodbyes, et Circles).
Enemies en collaboration avec DaBaby s’inscrit dans la continuité de Beerbongs & Bentleys, plus spécifiquement du titre 92 Explorer, car ils ont en commun d’avoir un instrumental très catchy avec un haut potentiel viral.
Die For Me en collaboration avec Future et Halsey correspond plus à de l’emo-rap ; un morceau réussi. Sans surprise vu les artistes qu’il rassemble et la proximité de leurs univers. Halsey et Future parlent souvent d’addictions et d’amour dans leurs morceaux. Le titre Goodbyes avec Young Thug est aussi dans cette lignée emo, il s’affirme comme une bonne breakup song.
On The Road, en collaboration avec Meek Mill et Lil Baby, manque de créativité, le refrain est similaire à celui de Rockstar et le morceau est réhaussé par le couplet solide de Meek Mill.
Le tournant rock assumé toute une partie de l’album
Par la suite, Post Malone amorce un tournant rock assumé avec Allergic, A Thousand Bad Times et Circles. A Thousand Bad Times est certes une chanson assez peu créative, mais il est évident que le refrain possède un haut potentiel d’efficacité en radio et en streaming donc son succès est quasiment certain – le morceau rappelle Leave, sur l’album Stoney. Allergic et Circles sont quant à eux des morceaux rock plus qualitatifs, moins prévisibles que ATBT.
Des morceaux ovnis qui font la particularité de l’album
Sunflower en collaboration avec Swae Lee est une bonne surprise, les voix si particulières des deux chanteurs s’harmonisent parfaitement.
Mais le morceau qui se démarque le plus sur l’album est sans conteste Take What You Want en collaboration avec Ozzy Osbourne et Travis Scott, avec watt et Louis Bell à la production : la prestation d’Ozzy Osbourne sur un beat rock aux accents trap est excellente, le refrain est extrêmement efficace.
En outre, Post Malone ne se complait pas dans une performance à la Better Now ou Rockstar, il varie les flows. Enfin, Travis Scott est parfaitement dans le thème ; il n’en est pas à son coup d’essai en ce qui concerne la plongée dans un univers plus rock – on se souvient de Don’t Play sur Days Before Rodeo en 2014 qui remixait M.O.N.E.Y. du groupe The 1975.
Internet se démarque également de l’album avec des éléments symphoniques dans l’instrumental.
Une certaine idée du fan service musical… qui peut être à double tranchant
Outre les exceptions précédemment citées et des morceaux assez anecdotiques comme Myself (co-écrite par Father John Misty), I Know, Staring at the Sun en collaboration SZA – sorte de featuring pop rock – et Wow. qui ne représentent en rien l’originalité de Post Malone, Hollywood’s Bleeding s’inscrit dans la parfaite continuité de Beerbongs & Bentleys et de Stoney.
D’où cette idée de double tranchant. Un.e fan de l’artiste seront satisfait.e de le voir fournir à chaque fois un projet avec des sonorités similaires. Autant l’auditrice/auditeur lambda sera lassé.e d’entendre chaque fois une version évoluée de morceaux de projets précédents.
L’impression laissée par Hollywood’s Bleeding est donc mitigée ; certes la qualité des sonorités est indéniable mais certains morceaux manquent de créativité. Le projet est sauvé par quelques fulgurances qui illustrent l’originalité, vocale ou au niveau des genres exploités, du personnage.