Étoile montante
L’artiste de Bobigny qu’on découvre en 2022 avec le très convainquant Don de Dieu, porté par son single Pas comme ça, déclare dans celui-ci : « Je sais qu’j’vais cé-per, mais je n’sais pas quand »
Deux ans plus tard, il amorce sa trilogie d’EP avec une réponse à cette incertitude :
« Pour ceux qui s’demandent « Waïv perce quand ? », j’viens d’appuyer sur l’bouton »
En effet, après un premier concert à domicile en mai 2023, les projets de ces derniers mois et l’engouement autour de Waïv ont conduit à sa première date parisienne, à guichet fermé. Ces trois chapitres (« L’initié », « Le Prospect » et « Le First Pick ») se déclinent en morceaux rythmés, aux sonorités diverses mais toujours appropriées par un rappeur capable de couplets aiguisés et qui dispose d’un vrai sens de la mélodie.
Une trilogie en guise de tour de force
À travers le premier opus, Waïv réaffirme que sa créativité s’ouvre et s’enrichit même lors de ses collaborations. Les morceaux, dont Gâter le coin avec Negrito et composé par Junior Alaprod, ont une structure libre dans laquelle les interventions des MC s’entremêlent, sans entraver leur portée dansante. Cette dernière doit beaucoup aux instrumentales profondes, dont l’amplitude des influences va de la bossa nova au gospel sur L’Initié, premier titre de la trilogie par Succèss Production, en passant par le R&B et évidemment le rap. Leur efficacité n’est pas simplement due à un pastiche car des morceaux comme SKU reposent sur une prod singulière, aux inspirations hybrides. START AND STOP propose quant à lui un beatswitch pour souligner l’inventivité musicale des producteurs et l’aisance du rappeur indépendamment des registres.
« J’finis d’té-chan, j’fais des comptines » – LA CANTINE
En effet, Waïv se caractérise également par sa polyvalence, grâce à laquelle il parvient à manier les codes de l’industrie. FROID COMME EN DÉCEMBRE répond par exemple à la définition du Club banger avec son refrain effréné, et PILE À L’HEURE qui le suit immédiatement, produit par Jolly Roger, ravit ses fans plus attachés à la découpe de prods et aux couplets acérés. Le First Pick, troisième et dernier EP de la trilogie souligne quant à lui la capacité du rappeur à moduler son timbre, sensiblement plus doux sur cet opus. Cette aisance lui permet, à l’aide de la variété des sonorités instrumentales, d’insuffler différentes tonalités à ses morceaux, de la solennité des premier morceau des deux premiers EP, à 4 SAISONS, celle du volume 3, langoureuse, en passant par des passages presque émouvants. Lors de son concert au Théâtre des Étoiles, il reproduit même les intonations circonstancielles de ses versions studio, malgré une sonorisation de discothèque peu adaptée à la mise au premier plan de la voix.
« Moi c’est le 25 avril que j’casse la scène » – PILE À L’HEURE
Concert réglé comme du papier à musique
Ce 25 avril, le rappeur n’est pas seul à enflammer la foule et voit les choses en grand : après une distribution de gants au public pour préparer le refrain de Cannabis, le DJ set de Don Jordy annonce la couleur avec des classiques de la trap mêlés à d’autres aux sonorités afro beat. Ensuite, des choristes ainsi qu’une pianiste accompagnent l’entrée de Waïv, et reviennent plus tard pour conférer une dimension nouvelle à ses morceaux. En termes de show, le rappeur dynamise la soirée à l’aide de danseurs qui prolongent et donnent une autre ampleur aux pas qu’il effectue lui-même, mais aussi grâce à de nombreux homologues invités. On remarque notamment Mougli, Warden ou encore Cinco avec qui il signe des morceaux significatifs de sa carrière, mais aussi Negrito et Bilouki qui apparaissent sur le premier volet de sa trilogie d’EP.
En somme, la soirée a de quoi rendre fière la mère de Waïv, présente aux premières loges, et ravir ses amateurs de la première heure même avec peu morceaux du début de sa carrière, comme les fans plus récents, dont l’engouement ne peut désormais que s’accroitre.