Josman – SPLIT

Critique

Un an et demi après avoir sorti J.O.$, Josman est déjà de retour avec son deuxième album SPLIT, qu’il aurait dû garder pour lui.

Un très bon concept

Comme son nom le laisse penser, SPLIT est inspiré du film réalisé par M. Night Shyamalan (2017), dans lequel le personnage de Kevin Wendell Crumb possède 23 personnalités différentes. Josman a repris ce pitch et l’a fait sous forme d’album-concept : 23 morceaux, chacun reflétant une humeur différente. Sur papier, le concept est intéressant, cependant, dans les oreilles, il est nettement moins convaincant.

Mal exploité

La cover illustre assez bien le concept : on y voit Josman sous plusieurs angles, avec plusieurs réactions/mimiques. On y voit également ses yeux, et un effet de miroir brisé. Là encore, l’album s’inspire du film éponyme, car l’affiche de celui-ci possédait les mêmes particularités.

Et la comparaison avec le film s’arrête là. SPLIT de Shyamalan est un thriller captivant et innovant, SPLIT de Josman est tout simplement ennuyeux et banal à souhait. Le rappeur avait commencé à s’inspirer de plus en plus de Travis Scott en proposant la mixtape 000$ et l’album J.O.$, mais c’était fait de façon qualitative, toujours en gardant un minimum de distance. Maintenant, plutôt que de s’inspirer de la superstar de Houston, il veut devenir comme elle, et perd complètement son identité musicale; sa musique perd sa personnalité, paradoxal vu la source d’inspiration du disque.

Il tourne en rond

La plupart des morceaux se ressemblent, tant au niveau musical que lyrical. Le rappeur aborde sans cesse les mêmes thématiques (egotrip, femmes, drogues, son passé. Certaines de ces thématiques sont d’ailleurs visibles sur la très jolie cover). Cette répétition n’aurait pas posé problème si les textes étaient bien écrits, s’il y avait eu des punchlines marquantes ou des nouvelles sonorités, mais ce n’est pas le cas. La plume de Josman est moins tranchante et incisive que jamais, aucune phase ne sort vraiment du lot, il ne prend aucun risque en termes d’écriture. Et artistiquement, c’est rare, et lorsqu’il le fait, c’est pour le pire, ça ne marche pas du tout (on pense notamment au morceau dancehall Je Sais).

Même les featurings sont mauvais, ou n’apportent rien, pour la plupart. Le meilleur exemple est B!TCH avec en invité Hamza. D’un côté, il y a Josman, copie de Travis. De l’autre, il y a Hamza, parodie de Playboi Carti. Le son est catchy, c’est tout ce qu’on en retiendra. Incomparable et nettement moins bon que les morceaux en duo des artistes dont ils s’inspirent.

Le seul invité qui tire clairement son épingle du jeu est Zed (membre de 13 Block). Il pose le meilleur couplet de SPLIT sur Bruce Wayne. Il se permet même de tacler la police en faisant une référence au banger polémique Fuck le 17.

La redondance de l’album n’est pas uniquement due aux flows et aux paroles répétitives de Josman, mais on la doit aussi à Eazy Dew, qui a produit une très grande majorité des instrus. En voulant faire des productions homogènes, il renforce le manque de créativité de SPLIT. Et donc son côté agaçant. Josman a annoncé sur twitter que chaque piste devait correspondre à un mood, et les beats ne vont pas du tout dans ce sens, que du contraire.

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Du positif. Trop peu.

Tout n’est pas mauvais. On retiendra Larmes de Sel et STOP ! qui sortent du lot et qui prouvent que Josman a un don quand il s’agit de débuter et de conclure ses projets. J’allume, le meilleur des singles, permet à Josman de chanter/rapper sur un fond de ce qui s’apparente à une guitare électrique. Musicalement, ça fonctionne bien. Si tu savais… est le meilleur texte que le rappeur ait écrit pour SPLIT. Mallette est le morceau le plus catchy, celui qui réussit le mieux sa mission. A Notre Age est intéressante techniquement. Et évidemment il y a Bruce Wayne, où Zed impressionne. Tout le reste est beaucoup trop générique et banal pour être cité. On peut donc en tirer un bon EP, à défaut d’un album digne de ce nom.

Avec SPLIT, Josman fait son premier faux pas, et sort un album largement en deçà des attentes. Peut-être a-t-il voulu revenir trop vite ? Toujours est-il que l’auditeur ressort fortement lessivé de son écoute du projet, et n’a pas envie de le réécouter, donc manque de replay-value. Josman aurait dû prendre plus de risques, sortir de sa zone de confort et convier d’autres beatmakers, pour que son album soit à la hauteur de son concept.

Rotka
Rotka
Life's a bitch and then you die
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