Annoncé en fanfare par DJ Khaled dans le morceau « Nas Album Done » en 2016, il est difficile de croire que NASIR est l’album sur lequel Nas a travaillé depuis 2 ans.
L’oppressante présence de Kanye West
Producteur de l’ensemble des titres de NASIR, Kanye West est en grande partie responsable de cette débâcle. Tout d’abord à cause du format imposé : sa nouvelle lubie des albums en 7 titres compresse Nas dans un format court. Beaucoup trop court pour y aborder des sujets sur lesquels il était pourtant attendu au tournant, notamment sa réponse aux accusations d’abus verbaux et physiques de son ex-femme Kelis.
Le style même des productions est également responsable. On sent en effet la patte de Kanye West, nerveuse et samplée. Mais ces productions ne vont pas du tout avec Nas. Et à vrai dire, il est difficile d’imaginer quiconque poser convenablement dessus.
Kanye West s’est appliqué dans ses productions. Un peu trop même. Les productions sont réussies (à l’exception de l’horrible Cops Shot the Kids et de son sample répété ad nauseam), mais beaucoup trop contemplatives pour être rappées (Not for Radio, Bonjour). Elles s’apprécient en instrumental pure, mais lorsque Nas pose dessus, cela tourne vite au carnage.
Il y a deux cas de figure : soit la production est trop nerveuse (White Label, Cops Shot the Kids) et l’on écoute Nas, complètement englué dans la production, tenter de se démêler tant bien que mal. Soit la production est très lente et Nas tente de s’y adapter. Cependant, en ralentissant son flow, il réduit ses mesures, les rendant encore plus médiocres qu’elles ne le sont déjà (Not for Radio, Bonjour). On a tout le long de l’album un Nas léthargique tant son delivering est ennuyeux et son flow frôle à de multiples reprises le off-beat tant il est mal dosé.
Des lyrics navrants
Car oui, Nas est un grand MC. Peut-être même le meilleur. Mais où est passé son sens de la rime et du songwriting ? Cet album n’est qu’un ramassis de banalités. Il y a bien quelques tentatives d’élever le niveau, notamment avec Cops Shot the Kids, qui traite des violences policières à l’égard des Noirs. C’est bien par défaut que ce titre sera l’un des morceaux les plus notables avec Everything, porté par un The Dream poétique et un Kanye West pas trop mauvais en tant que chanteur.
Le premier morceau de l’album, Not for Radio était annonciateur du niveau de l’album. Après avoir mollement annoncé un Escobar season begins, Nas s’est tout de suite mis dans l’idée qu’il fallait prêcher la bonne parole. Souci, ses lyrics sont ponctués d’approximations. Il enchaine les fails lorsqu’il affirme que Edgar Hoover était noir (ancien directeur du FBI qui a démantelé et harcelé les membres du Black Panther Party, rappelons-le), que le SWAT a été créé pour stopper les Black Panthers alors que la création du SWAT est antérieure à celle du Black Panther Party où bien lorsqu’il affirme que Fox News a été créé par un noir.
Bonjour est un morceau dans lequel il y décrit toute son opulence et sa luxure. Problème, le tout est tellement mal écrit que c’est difficile à prendre au sérieux.
« Want her ass the fattest, beat it: Thriller jacket »
« She didn’t see me comin, now she’s an eyewitness »
Au final, NASIR apparaît plus comme étant un album produit par Kanye West que comme le 11e album de Nas, à tel point qu’il est difficile d’imaginer que c’est l’album dont parlait DJ Khaled il y a 2 ans.