Le premier semestre de 2021 s’est clôturé il y a peu. Les sorties de projets longs se sont faites plus rares, contrairement aux rééditions et aux EPs. Pourtant, ces 6 premiers mois nous ont réservé quelques bons albums de rap francophone. Voici la sélection Thésaurap.
Les 5 meilleurs albums de rap francophone :
5. Georgio – Sacré
Georgio frappe un grand coup. Il s’agit de son album le plus harmonieux depuis Bleu Noir. À l’image de la cover, le Parisien fait les choses avec son entourage : Sanka, acolyte de toujours, est présent parmi les collaborateurs. Les featurings (Kalash Criminel, S.Pri Noir, Zikxo et évidemment Sanka) sont tous très bons et apportent une vraie plus-value au projet.
L’artiste prend des risques, il passe du chant -qu’il maîtrise mieux- au rap, de la mélancolie à la joie, des rythmes langoureux à des tempos plus rapides, le tout avec des refrains efficaces. Il y a certes quelques manquements, comme l’absence de storytelling. Mais Georgio est parvenu à trouver un véritable équilibre, chose qu’il manquait dans ses deux albums précédents. Sacré est déjà un immanquable dans sa discographie et dans le hip-hop en 2021.
4. Luv Resval – Etoile Noire
L’ascension de Luv Resval est fulgurante. S’il semblait enfermé dans l’image extravagante de son mentor Alkpote, l’artiste a finalement su s’en écarter et se construire un style bien plus personnel. Etoile Noire en est la preuve. Entre mélancolie froide et mélodie ensoleillée, le rappeur originaire d’Essonne a délivré un album aussi varié que personnel.
C’est avant tout l’introspection sincère dont fait preuve l’artiste tout au long de l’album qui permet à Etoile Noire de faire partie des meilleurs albums de ce début d’année. Aussi à l’aise dans les passages rappés que chantés, Luv Resval marque. Enfin, c’est dans le choix des featurings que se reflète toute l’intelligence artistique du rappeur. On retrouve évidemment son frère, Savage Toddy, et son professeur, Alkpote. Mais c’est surtout la présence de Lujipeka, de Josman et Chily qui permettent au premier album de Luv Resval de rester dans les mémoires comme l’un des plus réussis de 2021.
3. SCH – JVLIVS II
Le second opus de la saga JVLIVS répond à point nommé à l’attente entourant l’œuvre. Toujours accompagné par José Luccioni (doublure francophone d’Al Paccino), SCH livre un récit aux images quasi cinématographiques liant grand banditisme, représentations religieuses et voix brute. Avec un rap toujours aussi évasif sur son histoire personnelle, SCH poursuit son requiem d’un pas sûr et assuré. Malgré une prise de risque marginale, le rappeur dégage une maîtrise lui permettant de peaufiner son univers, présageant une conclusion en apothéose.
À cette histoire funèbre s’ajoute quelques rares featurings avec les artistes les plus populaires du moment annonçant les ambitions commerciales de l’album. Bien que maintes fois critiqués, ceux-ci apportent une parenthèse à l’un des projets les plus marquants du premier semestre 2021.
2. Kekra – KEKRA
Le phénomène Kekra ne sera jamais gâté. Avec son dernier projet, le rappeur de Courbevoie évoque réussite et fait de l’égotrip. Il enchaîne morceaux drill et balades dansantes aux sonorités électroniques, comme sur l’excellent Babyphone.
S’il faisait déjà partie des premiers rappeurs français à s’intéresser à la drill et à la grime, Kekra a perfectionné ses morceaux pour proposer une recette unique tout en nous rappelant ses précédents projets Vréel 2 et 3. Les amateurs de productions endémiques de Kekra seront servis. Avec Boumidjal (crédité à la production sur 10 des 17 titres), Kekra réalise l’un des meilleurs albums de l’année, idéal pour rythmer l’été de sa voix autotunée si caractéristique. L’artiste a récemment délivré une réédition qui contient 10 nouveaux morceaux pour parfaire la bande-son estivale.
1. Damso – QALF Infinity
Alors que la première partie était controversée en 2020, QALF Infinity a corrigé le tir. L’album est l’un des projets rap les plus écoutés de 2021, preuve d’une grande réussite aussi bien musicale que commerciale. Cette seconde partie mêle à merveille diversité des musicalités et travaille sur la voix.
Le Belge navigue entre chant, rap hardcore et introspection sur des prods toutes plus complexes les unes que les autres. La qualité du mix, quant à elle, n’a que très peu d’équivalents sur les derniers mois. Ce nouveau succès confirme le statut touche-à-tout de l’artiste. Il a su sortir de sa zone de confort en proposant un album qui se démarque suffisamment pour en faire le meilleur projet de la mi-année.
