Ces derniers temps, la scène du rap français n’a eu de cesse de se renouveler et de se réinventer. Au-delà des propositions musicales « classiques » (singles, albums, EP…), les artistes français.es se montrent de plus en plus créatif.ve.s en présentant des projets artistiques au sens large, dépassant la sphère musicale. Dans le sens de cet élan créatif, cinq rappeuses, Chilla, Davinhor, Le Juiice, Vicky R et Bianca Costa ont proposé un documentaire tout particulier sur Canal +.
Réalisé par Guillaume Genton, le documentaire « Reines, pour l’amour du rap » retrace la confection d’un morceau effectué par les cinq femmes. Ces cinq artistes sont accompagnées de plusieurs beatmakers, dont Junior à la prod et Heezy Lee. Ce n’est pas tout, la journaliste Juliette Fievet est également présente. Toutes et tous œuvrent avec un but commun : l’enregistrement d’un titre inédit. Le téléspectateur a donc l’opportunité de les suivre pendant quatre jours, tout en ayant des bribes de leur vie personnelle.
L’union fait la force
S’entrechoquent alors les affinités musicales de chacune, l’atmosphère que chacune veut installer et le message qu’elles comptent transmettre. La composition d’un titre qui réunit cinq rappeuses (qui se connaissent à peine et n’ont jamais collaboré ensemble) est finalement plus complexe que ce qu’il n’y paraît. Une vraie recherche en amont a été nécessaire afin de trouver le bon équilibre pouvant leur permettre de faire transparaître leur identité dans le single. Le travail d’équipe est évidemment largement mis en avant, d’autant plus qu’il a été indispensable pour la création du morceau.
Un aspect central, commun à ces rappeuses, fait office de fil conducteur durant tout le reportage : la force. Cet élément capital, qui ressort dès la première écoute de leur titre, est ce qui les relie tout simplement en tant que femmes. Chacune d’entre elles vient d’un milieu différent, a vécu des choses différentes, et pourtant. Ce qui fait la réussite de leur expérience est cette force féminine qui les anime. Des exemples de détermination ont toujours gravité autour de ces cinq femmes, leur permettant de suivre leur volonté avec ténacité et confiance, malgré les difficultés rencontrées et les moments de doute.
Changer les mentalités
À l’image de leur quotidien, à l’image du chemin scabreux qu’elles ont dû emprunter pour se faire une petite place dans cet univers majoritairement masculin, leur collaboration et le message qu’elles transmettent est centré sur l’entraide et la persévérance. Cette courte production laisse alors l’occasion à ces femmes de retracer leur parcours, en soulignant l’importance de leur acharnement.
Sont également mentionnés certains aspects négatifs auxquels sont confrontées les artistes féminines dans le rap. Cependant, cet aspect méritait certainement un développement plus approfondi et n’a pas été pleinement exploité. Si cette critique peut être contrebalancée par le sujet même du documentaire qui est sur l’élaboration du morceau par les cinq rappeuses, et non pas sur la place des artistes féminines dans le rap français, il est toutefois dommage que ce point-là n’ait pas été plus mis en avant.
En revanche, ce qu’on ne peut reprocher au documentaire est le message plein d’espérance qu’il fait passer. Son visionnage est également agréable et touchant à certains moments. Quant à la démarche de ce reportage, elle est ambitieuse, surtout compte tenu de l’intérêt malheureusement encore trop faible qui existe à l’égard des rappeuses françaises.
En attendant la suite ?
« Reines, pour l’amour du rap », encore disponible sur MyCanal, est finalement une réalisation bien ficelée qui, néanmoins, attirera essentiellement la curiosité des amateurs de rap. Le sujet arrive à captiver l’attention pendant toute la durée du documentaire, tout en suscitant encore un intérêt après la fin du visionnage avec le single « AHOO » réunissant les cinq rappeuses protagonistes. Le titre reflète par ailleurs parfaitement l’énergie générale transmise durant le reportage.
Le succès est au rendez-vous, tout comme la qualité. Alors on se plaît à espérer que d’autres initiatives similaires aient lieu.
