« Validé » a été publiée en ligne le 20 mars 2020 sur Canal +. La tant attendue série est une création de Franck Gastambide (« Les Kaïra », « Pattaya »). Il s’agit d’une première intrusion télévisée dans l’univers du rap français.
Validé, c’est l’histoire d’un jeune dealer et aspirant rappeur du nom de Clément « Apash ». Il va, par une situation rocambolesque, saisir sa chance pour atteindre le succès lors du Planète Rap de son idole, Mastar. On vous laisse découvrir la suite. Le départ peut être considéré comme tiré par les cheveux, mais le but de cette fiction est avant tout d’aller à l’essentiel. C’est un parti pris assumé, les événements s’enchaînent très vite. La série ne se prend pas au sérieux et se contente de divertir.
Dans son parcours, Apash va être accompagné de proches et de connaissances. Son cousin Brahim, qui est défini comme le personnage comique. C’est l’équivalent de Turtle dans la série Entourage, produite par Mark Whalberg. Là où le show américain accompagnait un quatuor à Hollywood et se voulait volontairement drôle, Validé se veut plus sérieux malgré les situations comiques menées par Brahim. William complète le trio principal, en étant l’ami d’enfance d’Apash, et qui par la force des choses deviendra son manager. Il y a aussi Mounir, énervé mais drôle malgré lui. Il est à la tête du réseau pour lequel travaille Clément, et accessoirement, son ancien producteur musical lorsque ce dernier était plus jeune.
Face à cette jolie bande désorganisée, il y a l’industrie du rap français. Du producteur (et ami de longue date de Mastar), DJ Sno à Inès, une directrice artistique au caractère bien trempé, en passant par les médias, les tourneurs, les majors et autres arcanes. Le moins que l’on puisse dire, c’est que tout est expliqué au niveau du mode de fonctionnement dans ce secteur. En termes de guests, tout le monde est venu cachetonné. Dans le désordre (et il en manque) : Dry, Jr O Chrome, Lord Issa, Lacrim, Gringe, Mac Tyer, Driver, Ice Criminel, Cut Killer, KoolShen, Chris Macari, Popeye. Tout ce beau monde apporte à sa manière, un soutien sérieux et pas des moindres à la production. Des participations équivalentes à celles dans la série 10 % de France 2, qui se situe dans une agence artistique du cinéma français.
L’action se déroule très vite, mais il vous faudra tout de même faire preuve de patience devant votre écran. Au moins jusqu’au quatrième épisode, avant que tout se mette bien en place. Au-delà de l’intrigue, on va juste revenir sur quelques points, dont l’interprétation. Une fois le côté romanesque de la réalisation pris en compte, il faut remercier les acteurs qui rendent cela crédible et agréable. Hatik tient la série sur ses jeunes épaules et trouve sa place entre son jeu d’acteur et la partie purement rap. Reste à connaître ses choix artistiques pour la suite de sa carrière. Sam’s -qui ne fait pas ses débuts devant la caméra- accomplit un rôle de composition tant sa musique dans la réalité est opposée à celle de Mastar. On regrettera juste les faux tatouages bien trop fake à notre goût. Il tiendrait tout aussi facilement son personnage sans ces artifices.
L’excellent Adel Benchérif campe un personnage haut en colère, mais impossible d’en écrire plus au risque de spoiler. C’est l’une des bonnes surprises de la distribution. Sabrina Ouazani interprète encore un personnage fort en gueule, ce qui devient une habitude pour cette actrice. Par contre, ce qui est intéressant, c’est l’implication de son personnage Inès en tant que DA, métier rarement mis en avant à la télévision. Quant à Bosh, il est fidèle par son jeu à un sombre bonhomme qu’il incarne du nom de Karnage. La part belle est aussi donnée à des plus petits rôles, mais tout aussi valables (Sergio, Rico, Yamar), qui ajoutent de la qualité à l’intrigue. On remerciera Franck Gastambide et son équipe pour leur implication dans la série. C’est d’ailleurs lui qui tient le rôle de DJ Sno, beatmaker et acolyte de Mastar.
Validé est une série française avec tout ce que cela comporte, en étant toutefois très au-dessus. Si vous n’êtes pas friands du genre, votre avis ne changera pas, mais les moyens ont été donnés pour que ça ne fasse pas cheap. Même si la cible principale reste le jeune public de musique dite « urbaine », force est de constater que la série tient debout sur ses cinq heures, en dix épisodes de trente minutes chacun. Ce qui donne un rythme correct au show qui enchaîne les situations en tout genre. Certains réfléchiront à la part de réalité dans ce que les scénaristes ont pu écrire. Le rap étant rempli d’histoires et d’embrouilles diverses. Si vous êtes convaincus par nos lignes, prenez le temps d’y jeter un œil, ou de rester jusqu’au final inattendu et bien mené.