Après son premier album “Paradise”, et de nombreux autres projets et collaborations, Hamza effectue son retour avec son deuxième album : Sincèrement. Si le talent d’Hamza n’était plus à prouver, après plusieurs projets aux perspectives différentes, il lui manquait l’album de l’accomplissement, celui qui l’installera définitivement parmi les grosses têtes du rap francophone.
Capable de chanter ses amours perdus en sonorités sensuelles, de proposer une trap maîtrisée à sa sauce, ou de poser ses réflexions plus sombres sur des mélodies mélancoliques, le SauceGod propose un projet de 17 titres qui marque par sa richesse musicale.
Un album à deux visages.
L’album, très ambivalent, est marqué par un contraste entre des morceaux très dansants, à l’ambiance festive sinon optimiste dans les sonorités, et des morceaux plus ternes musicalement, avec un fond textuel en résonance.
Dans ces morceaux à l’atmosphère voilée, on retrouve un Hamza plus introspectif, qui prend le temps de se questionner, de prendre du recul sur son parcours, ce qui témoigne d’une certaine maturité prise avec l’âge depuis “Paradise”.
“J’ai grandi dans la violence, avec un joint d’beuh, j’ai appris à la romancer”
Hamza, Ma réalité“Tu pourrais crever devant moi pour montrer, ô combien tu m’aimes /
Ce ne sera jamais plus jamais la même”
Hamza, Plus jamais la même
Néanmoins, le rappeur belge garde une aura très particulière lorsqu’il lui faut cogner une prod’ et un style de la punchline alliée à une insolence propre à lui même.
“On dirait qu’ma bitch sort tout droit de Twilight quand elle me bouffe le cou”
Hamza, WWE.
Le tour de force de l’artiste réside dans sa capacité à réunir cette dualité des deux aspects de l’album au sein d’un même morceau. Les exemples sont multiples. Sur Nocif, (un remix de Lady de Modjo) on trouve des phases comme “Un tas de tourments qui m’suivent et qui m’suivront pour le reste de ma life”.
De manière générale, si ce genre de proposition peuvent témoigner d’un manque de créativité, il est à noter que le morceau n’en reste pas mauvais, et souligne un retour en simplicité mais efficace de Damso qui accompagne Hamza. L’album est construit en suivant une certaine évolution de déclin, très marquée sur les derniers morceaux. Que ce soit dans les paroles ou dans les ambiances, il se ressent une atténuation au fur et à mesure que défilent les sons de plus en plus sombres et tristes, jusqu’au morceau éponyme en outro.
Le risque avec un projet long comme celui-ci, c’est d’y trouver du superflu, un excès de zèle de la part de l’artiste. Malheureusement, on tombe également dans ce cas de figure avec Sincèrement. L’album est effectivement varié, mais un peu trop. L’intensité des premiers morceaux s’effondre quelque peu vers le milieu du projet. On trouve des morceaux, bien que cohérents avec l’ensemble, qui n’ont pas le panache du début ou de la fin de l’album. Quelques tracks en moins auraient rendu l’album plus constant.
“Sincèrement” : en étroite collaboration
Après quelques rumeurs laissant entendre, ces derniers mois, qu’Hamza sortirait prochainement un album commun avec SCH, leurs affinités étant évidentes, c’est bien sur un projet signé seul que le rappeur belge revient sur le devant de la scène. Néanmoins, il est loin d’être le seul architecte de cette nouvelle sortie.
Son univers artistique est depuis toujours élevé par une production musicale remarquable, et pour cet album là, Hamza a placé sa confiance, comme souvent, dans les mains d’un homme : Ponko. Présent sur 15 titres, le beatmaker marque réellement de son empreinte le projet. Plus encore, si l’album est aussi riche et diversifié, c’est grâce à l’alchimie qui bouillonne depuis plus de 10 ans entre les deux artistes belges.
Pas seul et assez bien accompagné.
Le lien entre la scène rap US et Hamza était déjà établi depuis quelques années, et c’était une véritable excitation que de voir Offset sur la tracklist de l’album. Malheureusement on reste un peu sur notre faim. Le morceau reste bon, l’instrumentale est percutante et entrainante et la prestation d’Hamza est au niveau d’une telle affiche, mais la connexion avec l’ex membre des Migos est mal exploitée et on se retrouve avec une nouvelle collaboration rap FR/US qui ne laissera pas plus de traces qu’attendues.
Cependant, les autres featurings apportent chacun une saveur particulière à leur morceau respectif, dans un album déjà bien chargé. La connexion avec Tiakola est fluide et efficace comme elle le fut sur leur première collaboration, même si le morceau n’aura pas le même impact. D’ailleurs, l’idée de faire une suite de “Atasanté” est préjudiciable pour le second featuring. La présence de CKay, elle, vient éclaircir les quelques notes dépressives du projet.
Un retour aux sources
Après une mixtape et ses deux projets 140 BPM et 140 BPM2, Hamza revient à ce qu’il sait faire de mieux : du Hamza. Car rien ne définit mieux sa musique que sa personnalité.
Certes, un projet un peu plus court aurait permis d’évacuer le superflu et de gagner en constance. Néanmoins le projet est un succès commercial, et permet à l’artiste de se hisser un peu plus haut dans le top rap FR. Entre influence RnB, Trap US, House, l’artiste belge propose un album plus mature et avec une double lecture, permettant d’élargir son auditoire et de franchir un cap sur le plan artistique.