En route vers le premier album de Captaine Roshi

Le 28 octobre dernier sortait Road to Larosh, le cinquième projet de Captaine Roshi ; un artiste particulièrement en vogue ces deux dernières années. Ce nouvel opus, composé de onze titres, annonce les prémices de son premier album studio. À la fois atypique et fédérateur, celui que l’on surnomme Larosh confirme sa percée avec ce projet totalement maîtrisé.

Une performance équilibrée   

Captaine Roshi nous l’a démontré à plusieurs reprises : c’est un artiste qui sait maîtriser sa musique.  Pour cela, il n’hésite pas à varier ses flows et diversifier ses productions. Il avait déjà expérimenté des rythmiques plus lentes dans son projet Attaque sorti en 2019 (avec des titres comme « Rebelotte » ou « Papillon »). Mais c’est dans W.A.R, sorti un an plus tard, qu’il montre franchement sa capacité à proposer des sonorités mélodieuses avec le très réussi Journal de Bord. Sur Road to Larosh, il réitère brillamment l’expérience avec les titres Amère et Nouveau voyage.

Les autres morceaux offrent des sonorités plus sombres, celles qui caractérisent habituellement Roshi et dans lesquelles son aisance de kickeur s’exprime totalement. Le titre Les fous en est un bon exemple.

Ses featurings avec La Fève (« Du mal ») et Guy2bezbar (« Je me lève, je me lave ») font également partie des bangers les plus efficaces du projet. 

Si Larosh n’a aucun mal à alterner entre mélodies et sons ténébreux, il sait aussi proposer des morceaux hybrides, à la croisée entre les deux genres. Il illustre ce savoir-faire avec Capo et Lumière, deux morceaux trap dans lesquels il affiche des flows plus doux. 

Cette diversité de sonorités est appréciable dans les projets de Captaine Roshi, d’autant plus qu’il dispose d’une voix atypique qui pourrait, à la longue, rendre monotones ses propositions artistiques s’il ne variait pas un minimum ses performances. Cette volonté de diversité met en avant une qualité indéniable chez le rappeur : sa capacité d’adaptation musicale qui ne dénature pas son atypie. 

Évolution flagrante

Depuis ses débuts, Roshi n’a eu de cesse d’évoluer et cela s’entend clairement. L’un des atouts majeurs du dragon de Pigalle est sans aucun doute sa capacité à prendre des risques. Il n’a pas peur de sortir de sa zone de confort. Il suffit de regarder les collaborations qu’il a mises en avant dans le projet. La Fève, Wit, Guy2bezbar, Malty 2BZ : aucun artiste ne se ressemble et aucun ne ressemble au capitaine. Les morceaux proposés épousent tous l’univers de l’invité et Roshi n’est clairement pas en deçà. Au contraire, il pose remarquablement bien mais surtout, ses particularités ne s’effacent pas. Sa voix singulière, ses ad libs… À aucun moment, il ne tente de s’apparenter aux artistes invités. Les morceaux n’en sont que plus réussis. 

L’évolution du rappeur se ressent également d’un point de vue émotionnel. Au fur et à mesure de ses sorties, Roshi laisse entrevoir une volonté de s’exprimer davantage dans des morceaux à tendance mélancolique ; à l’image du morceau Amère. S’il a d’abord été révélé par ses titres trap, l’artiste semble vouloir montrer d’autres facettes de sa personnalité. Une ouverture qui laisse présager des morceaux bien plus intimistes qu’à l’accoutumée pour son premier album.

Un préambule un peu trop mystérieux ?

Road to Larosh est présenté comme un préambule. Une manière de nous faire patienter avant l’embarquement destination Larosh. Or, l’avant-propos est difficilement discernable d’un point de vue narratif. L’apport de la voix-off (interprété par Benoît Allemane, voix française de Morgan Freeman) est une bonne idée mais ne semble pas avoir été réellement exploité jusqu’au bout. Cela aurait mérité d’amener davantage de consistance au récit. Quid de Larosh ? Que nous réservera ce voyage ? L’incertitude est d’autant plus palpable que Captaine Roshi a affirmé que les deux projets n’avaient pas grand chose à voir l’un avec l’autre.

Si Road to Larosh est une réussite musicalement parlant, le seul point d’interrogation réside donc dans l’intérêt d’avoir présenté le projet comme un prélude.

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