Le 5 avril 2019, nous avons vécu une journée qui restera très sûrement marquée dans l’histoire du rap français. Effectivement, c’est ce jour là que le groupe PNL, désormais mythique, a décidé de sortir son quatrième projet, un album bien évidemment attendu de pied ferme par le public, sûrement celui qui restera comme ayant créé le plus d’émulation cette année.
Revenons tout d’abord sur l’ensemble des événements s’étant produits avant la sortie de Deux Frères. Nous sommes le 22 juin 2018, jour où PNL effectue son retour après un album Dans la légende devenu classique et ayant tout conquis sur son passage. C’est donc à ce moment que sort le morceau A L’ammoniaque, accompagné d’un clip époustouflant, musique mélancolique à souhait comme à l’habitude du groupe mais avec un nouveau progrès, que ce soit sur l’écriture, l’émotion transmise, la production, le mixage et même le clip, pour un rendu exceptionnel et une profondeur gigantesque à la réécoute. Inutile de préciser l’affolement que le compteur de vues de YouTube a connu, avec notamment pas moins de 5 millions de vues en 24 heures, offrant ainsi un nouveau record au duo des Tarterêts.
Nous sommes maintenant le 11 août 2018. C’est en ce jour que sortira le son de l’été qui nous aura été teasé quelques semaines auparavant, 91’s, un excellent morceau où le virtuose BBP nous offrira un revival de Miami Vice City avec une prod rétro funky, où Ademo et N.O.S continuent leurs progrès, livrant des mélodies sorties d’ailleurs et montrant encore leur versatilité et leur capacité à constamment prendre des risques mais avec une maîtrise déjà parfaite. Le morceau connaît encore un grand succès, qui aurait néanmoins pu être plus grand avec un clip, mais énorme succès tout de même au rendez-vous puisque le son battra de nouveaux records de stream.
Puis depuis ce jour plus rien, ou peu. Du léger teasing comme à l’habitude de PNL, puis une annonce sur Twitter en mars qui annonce leur retour prochain. Et c’est là que vient un nouveau coup de communication génial du groupe, avec un live YouTube de 16 heures, où nous pouvons observer l’évolution d’une planète avec plusieurs indices rappelant l’univers marqué de PNL, puis l’annonce du clip Au DD. Et c’est là qu’un duo français chamboula le monde. Un clip réalisé au sommet de la Tour Eiffel qu’ils se sont permis de privatiser, avec des plans dignes des plus grandes productions cinématographiques, clip ayant coûté la bagatelle de 400 000 euros, pour un rendu finalement spectaculaire.
Le morceau est de nouveau excellent, la production pop est incroyable, Ademo et N.O.S livrent des performances exceptionnelles et valident de nouveau une prise de risque audacieuse en sublimant une production peu ordinaire dans le rap français, exercice très dur à réaliser, sachant l’attente démentielle qui gravite autour du duo à ce moment là. Les chiffres sont de nouveau au rendez-vous avec 7,5 millions de vues en 24 heures, le record du son le plus streamé, et une exposition mondiale où tout le globe parle des génies de Corbeil-Essonnes à travers des articles journalistiques dans de nombreux pays sur chaque continent. A la fin du clip vient aussi l’annonce de l’album que tout le monde attend.
S’ensuit dans les jours qui viennent le Au DD challenge qui quoique nous en pensons fait de la promotion au groupe, promotion qui continuera avec des bus impériaux aux couleurs de l’album qui circulent dans tout Paris, un partenariat avec Uber qui diffusera leur album, des affiches et vidéos en centres commerciaux et un peu partout dans Paris, ainsi qu’à aller jusqu’à faire une publicité au cinéma. Toutes les étoiles sont donc alignées pour délivrer un album dépassant la légende.
Une excellence musicale d’exception
En premier lieu, nous sommes ici face à un album présentant une richesse musicale inouïe qui laisse pantois et qui nécessite que beaucoup de choses soient dites. L’album est d’abord vraiment éclectique, comme à l’habitude du groupe, et nous offre une diversité effarante. Ademo et N.O.S s’exercent à une musicalité hors du commun, comme vue auparavant sur les trois singles et qui sera perpétuée sur l’album. Ils suivent ici leur habitude de proposer des prises de risques novatrices, et bien que l’audimat sache maintenant qu’il y aura des surprises sur l’album, ils arrivent tout de même à nous surprendre, avec par exemple un morceau comme Hasta La Vista, qui mélange une musicalité raï et reggaetton sur une production exceptionnelle, où les deux frères s’échangent des mélodies plus entraînantes les unes que les autres, plus sauvages pour Ademo qui apporte vraiment le style PNL à ce nouveau style auquel ils s’essaient, et plus souples pour N.O.S qui nous offrent ici des mélodies entêtantes, notamment le futur fameux «Wesh Calinta» qui donnent immédiatement des envies dansantes à l’auditeur.
Nous retrouvons une nouvelle prise de risque sur Déconnecté, un morceau qui dépasse ici tout entendement, avec une couleur assez rock par la guitare et la batterie présentes dessus, auquel s’ajoute un côté spatial et futuriste pour livrer finalement un morceau ovni, avec une puissance et une intensité rarement vue auparavant notamment très perceptible sur le drop tonitruant du refrain. Le niveau de maîtrise de l’autotune est ici exceptionnelle avec l’usage de vocal grésillants notamment sur le couplet de Ademo, et des intonations prolongées en fin de phrases sur le couplet de N.O.S.
Cette perfection de l’autotune est présente sur tout l’album, atteignant parfois des sommets inespérés comme sur Autre Monde où les vocals un peu étouffés assurent une transmission d’émotions gigantesques, ou encore sur Blanka où Ademo propose une palette artistique démentielle, usant de plusieurs utilisations de l’autotune, de la plus grésillante à la plus cristalline, délivrant même un vocal «extra-terrestre» à la fin de chaque phrase d’un segment de son couplet, sur une production japonisante, apportant encore une diversité à l’album.
Le groupe s’essaie même à la trap sur Menace, où N.O.S livre un couplet d’anthologie avec des intonations rarement entendues, un flow inédit en France, pouvant rappeler Young Thug de l’autre côté de l’Atlantique, où il est véritablement pris de folie et surprend l’auditeur par cette prise de risque totalement inattendue, d’autant plus que le duo ne se contente pas ici de reprendre une recette trap générique connue de tous puisqu’ils vont plus loin en ajoutant leur touche, pour livrer une expérimentation singulière et totalement réussie.
Cette recherche de l’inédit est assez présente sur l’album, comme sur des morceaux tels que Shenmue, où Ademo enrichit son couplet par une palette d’adlibs très large, et surtout avec un refrain plutôt pop mais assez hybride par sa forme, pour un rendu de nouveau novateur. Cette volonté de créer des refrains inédits est aussi présente sur Kuta Ubud, où AD nous livre une interprétation hors du commun en prenant un accent arabe, ajoutant encore une richesse à ce morceau qui l’était déjà grâce aux nombreux adlibs marqués tels que les cris un peu animaux, les bruits de bouche ou de souffle, le saxophone qui déroule à la fin mais aussi le couplet de N.O.S qui prend plusieurs mélodies toutes parfaitement exécutées.
Enfin nous retrouvons une dernière prise de risque sur l’ultime morceau de l’album, véritable contre-pied pour l’auditeur qui pouvait s’attendre à quelque chose de mélancolique et grave tel que Jusqu’au dernier gramme, puisqu’il s’agit ici d’un morceau plus enjoué avec une rythmique plutôt joyeuse à la guitare. Mais là où le morceau est vraiment puissant, c’est que Ademo et N.O.S arrivent à ajouter une touche mélancolique, différente de celle à laquelle ils ont l’habitude puisqu’elle semble ici plutôt heureuse, comme s’ils faisaient le bilan de leur accomplissement en constatant la misère d’où ils viennent pour voir maintenant leur succès, ce qui correspond parfaitement pour une outro puisque le côté conclusion est ici présent. Cet éclectisme et ces prises de risques participent donc considérablement à la richesse musicale titanesque de l’album, cette même richesse aussi permise par des progrès gigantesques de PNL et les artisans de l’album comme les producteurs et ingénieurs sons.
Des progrès en tous points
Ils avaient atteint le sommet sur Dans La Légende avec un album totalement exceptionnelle, ils l’ont dépassé sur Deux Frères en devenant encore plus forts, alors qu’ils étaient déjà à un niveau colossal. Des progrès considérables ont été réalisés par les deux artistes qui tutoient véritablement la perfection en tout point, que ce soit au niveau de leur style de kickage, de leurs mélodies et des nouvelles choses qu’ils ont apporté tel que le refrain réalisé à deux sur Autre Monde. Ademo est plus affûté que jamais sur son usage de l’autotune, ses mélodies rugueuses et sa facilité à faire des refrains mémorables. N.O.S est au top de sa forme sur ses mélodies qui font constamment mouche et sa voix suave qui procure de fortes émotions grâce à sa sensibilité vocale. Ils ont élevé leur niveau jusque dans les titres bonus de l’album à savoir Frontières et Capuche, qui se retrouvent excellents, tout en mélodies avec une touche pop. En plus de progresser individuellement eux-mêmes, ils entraînent tout leur entourage qui travaillent avec eux sur leur œuvre artistique à progresser également.
De prime abord ce progrès est perceptible sur leurs producteurs, qui se sont tous surpassés sur leur travail, en livrant des productions toutes plus exceptionnelles les unes que les autres, d’abord en prenant des risques encore plus poussés, mais aussi en atteignant tout simplement un sommet musical incroyable, par une richesse toujours au rendez-vous avec des éléments présents en masse, mais qui sont toujours bien assemblés pour au final obtenir une construction finale d’exception, comme pour Déconnecté où la production est chargée d’un nombre d’éléments considérable mais qui sont tellement bien assemblés que cela en devient grandiose. Même dans le minimalisme l’assemblage de la production est tellement peaufinée que le rendu est constamment de qualité, comme sur Shenmue où nous retrouvons seulement quelques keys et drums accompagnés d’une guitare électrique d’exception au refrain.
La production laisse en plus de cela la place aux artistes pour briller et la sublimer, l’objectif étant totalement atteint. Nous retrouvons donc une diversité d’éléments, mais également une richesse instrumentale assez folle, avec la présence de nombreux instruments utilisés à la perfection tels que des pianos, guitares, synthés ou même un saxophone plutôt jazzy. Il est donc important de tirer nos louanges à l’ensemble de l’équipe de production, à savoir le maintenant immense producteur BBP qui nous a offert des productions exceptionnelles en nombre puisqu’il est très présent sur l’album, mais aussi le mythique NKF et son assistant Joa (TrackBastardz), Adsa Beatz, MKSB, Sam H, Rednose, Anaika, Yann Dakta et IBO.
En dehors du travail faramineux des producteurs, un travail herculéen est aussi réalisé par les ingénieurs du son qui ont joué un très grand rôle sur cet album, où leur mix s’est avéré décisif pour retranscrire au mieux la musicalité exceptionnelle du projet. NKF s’est donc surpassé sur ce point. Il a livré un véritable travail d’orfèvre pour élever la qualité générale de l’album, avec un mix de précision peaufiné à la perfection.
Ainsi il a donc pu retranscrire au mieux les performances de Ademo et N.O.S allant de leurs vocals à leurs adlibs en passant tout simplement par la musicalité qu’ils apportent eux-mêmes, la minutie des productions en mettant en relief chaque élément, que ce soit pour nous faire parvenir avec puissance l’impact des drums, les claquements des snares ou encore la richesse des instruments, et est également responsable de tous les bruits de fond qui agrémentent l’album tels que les souffles et les bruits de bouches sur Kuta Ubud, le bruit de gyrophare sur Coeurs, le bruit de goutte sur Chang ainsi que les coups de feu ou encore les bruits de corbeaux et de cannette sur A L’ammoniaque. Des exemples de bruitages comme ceux-ci, nous en retrouvons à foison qui parsèment la totalité de l’album pour lui donner une dimension supplémentaire.
Enfin nous retrouvons même des progrès sur les clips, où l’équipe de monteurs fait maintenant dans le génie, Mess et Kameramera en tête. Les plans sont dignes de films, certains sont à couper le souffle comme celui en haut de la Tour Eiffel sur Au DD où celui de N.O.S sur le radeau dans A L’ammoniaque, ainsi que ce retourné splendide entre la Terre et la mer. Même au niveau du charisme et de la prestance de Ademo et N.O.S à l’écran nous observons une progression, ainsi que sur les vêtements remarquables qu’ils portent comme la grosse collaboration effectuée entre PNL et Off White, ajoutant encore un grand coup marketing après le live, les bus et les Uber, de nouveau un domaine où l’équipe QLF a augmenté son jeu.
Tous ces progrès musicaux ont donc assuré une forme d’album irréprochable. Vient maintenant le moment du fond avec les lyrics, où l’on observe de nouveau des progrès sur ce plan et une profondeur lyricale vraiment immense.
Un album personnel des deux frères
Avec Deux Frères, nous tenons ici l’album le plus introspectif de PNL. Tarik et Nabil nous narrent leur passé avec mélancolie à travers tout l’album. Ainsi nous en apprenons plus sur leur vie, comme sur Chang où N.O.S nous délivre un couplet entièrement personnel, montrant son attachement au lieu où il a grandi, «une chance qu’ils aient pas détruit mon bâtiment», et tire même une fierté, voulant perpétrer ce lieu de vie à travers sa famille, «p’t-être qu’un jour, j’pourrais l’montrer à mes enfants». Il représente son enfance et ai source de souvenirs mémorables pour lui, «où avec Tarik, papa, Sarah j’ai di-gran». Nous ressentons même un véritable amour relié à cette époque, puisque Nabil nous l’explicite clairement, «et dans l’oeilleton d’la porte j’aimerai passer, pour juste une fois ressentir le passé, revenir là où tout a commencé, car on était aussi heureux je le sais».
A travers tout son couplet, le sentiment de mal-être de celui-ci nous ai parvenu, sentiment qu’il souhaite à tout prix cacher à sa descendance, «donc mes enfants j’leur mentirai que j’suis heureux, qu’ils soient jamais comme moi dans les ténèbres». N.O.S aime trop son zoo, lui voue un amour réel, et remercie le ciel de ne pas avoir cassé sa première tour. Il nous exprime une véritable envie d’y revenir, «j’aimerai revenir dans le passé, toquer à la maison», «et j’reviendrai quelques fois regarder la porte sans toquer sans sonner jusqu’à ma mort». Comme il le dit sur Autre Monde, le passé fait vibrer son coeur. Il a été happé par la rue qui l’a élevé et qui l’a même tenté dans l’obscurité, comme il le dit dans La misère est si belle, «dans les coins sombres j’ai mordu à l’hameçon, dans la lumière récité la leçon», pouvant faire comprendre une dualité entre d’un côté les ténèbres de la rue qui l’appâtent, et d’un autre le fait de faire bonne figure en public en récitant la leçon comme un bon élève d’école.
Ce passé semble néanmoins lourd à porter, et Ademo ne cache pas qu’il aimerait s’alléger de ce poids en disant «tu veux mon vécu j’te le donne volontiers». Il semble avoir vécu de tristes évènements, lui qui n’hésite pas à se livrer en faisant part de sa vulnérabilité en nous racontant des choses telles que «j’montais sur les toits pour finir en pleurs seul». Tarik et Nabil sont imprégnés de leur douleur, qu’ils revendiquent comme peu commune, notamment dans Déconnecté où Ademo proclame «la souffrance on la connaît, tu la connais pas comme nous, la misère tu la regardes, on la caresse, pas comme vous»
A travers leurs lyrics ils montrent également que leur vie actuelle a changé, mais que leur vie d’avant reste ancrée en eux, comme lorsque N.O.S dit sur Autre Monde «j’ai envie de rentrer à la maison mais le chemin n’est plus le même maintenant qu’on a le monde» montrant que malgré qu’il possède tout il a encore cette volonté de retour aux sources. Leurs origines seront toujours présentes dans leur vie, quoiqu’ils fassent et où qu’ils aillent, comme le souligne toujours N.O.S sur La misère est si belle, «éducation de la cagoule, même si j’me barre c’est tatoué».
Il est plus que jamais rattaché a sa vie d’avant, «et nique la vie d’artiste, tu sais je viens d’en bas, les cliquos, les grosses têtes et les rats se rappellent de moi», cette même ancienne vie qui lui manque malgré le succès de sa nouvelle, «maintenant je remplis des salles mais tu sais ma vie me manque». Ils sont donc condamné à vivre avec leur lourd passé pour le restant de leurs jours, comme le fait comprendre N.O.S sur Zoulou Tchaing «J’ai grandi dans le zoo, j’suis niqué pour la vie, même si j’meurs sur une plage, j’suis niqué pour la vie, parce que ceux qu’j’aime ont la haine, j’suis niqué pour la vie, parce que j’cours après c’biff, j’suis niqué pour la vie».
Un autre aspect important de leurs lyrics demeure l’amour familial, marqué de manière indélébile par leur passé pour le reste de leur vie, comme nous le dit le grand frère Ademo sur Autre Monde «j’ai envie d’arrêter tout mais la hess m’a traumatisé, les gens qui m’ont suivi, j’peux pas les abandonner, alors j’crois qu’j’suis condamné». Et c’est là que le parallèle est fait avec l’amour fusionnel de Tarik et Nabil pour leur proches, autre point fort de leurs paroles sur cet album. AD continue de nous délivrer son amour passionnel pour ses proches, qu’il souhaite plus que tout rendre heureux, même au profit de son bonheur à lui, «j’me suis détruit en construisant l’avenir des miens» dit-il sur Blanka, sentiment encore présent sur d’autres lines de l’album comme «j’suis que la famille, je leur donnerai ma vie sans pousser un cri» sur Celsius, «J’ai l’habitude de souffrir, jamais pour moi mais pour les autres» sur Coeurs ou encore «Igo, j’pense aux autres, c’est peut-être c’qui me tue, J’pense peu à moi, mon bonheur est têtu» sur Déconnecté.
Nous découvrons sur cet album que cet amour puissant leur a été inculqué par leur père, figure importante de leur vie, où N.O.S nous apprends sur Celsius ceci, «papa nous a cogné tête contre tête, nous a dit j’veux un amour en fer» et qu’il a bien pris cet enseignement au pied de la lettre, «j’ai aimé mon frère plus que ma vie comme me l’as appris mon père», «tout c’que je prends, j’te l’donne un peu comme ma vie», et a noué une alchimie unique au monde avec son frère, «y a que toi qui sais ce que je vis, que moi qui sais ce que tu vis». Il va même jusqu’à plus se ressentir comme étant son frère que comme étant lui-même, «j’suis plus Tarik que Nabil».
Et cet amour que leur a donné leur père, Tarik et Nabil lui rendent bien sur Zoulou Tchaing, où Ademo livre une véritable déclaration d’amour touchante à son père, pleine de sincérité, «baba pour ton sourire j’donnerais ma vie et peut-être même ma place au paradis», «ce monde serait moche sans toi et j’refuse le paradis si t’y es pas», «j’suis pas trop aimé mais tant que toi tu m’aimes» ou encore «pour sauver le monde entier je donnerai pas un grain de ta vie». Cet amour est donc puissamment intégré en eux, qui en ont même fait une priorité dans leur vie, «le sourire des miens me suffit», «si t’es pas d’mon sang pas sûr que j’pourrais t’aimer jusqu’à la mort».
L’album se termine cependant sur une touche plus optimiste avec La misère est si belle, puisque là où ils se considéraient comme étant mauvais avant, «me suis pas de trop près si tu veux garder tes ailes», ils se sentent ici un peu meilleurs, ayant quitté notamment le chemin de l’illégal, «le gyro dans la ville, je ne crains rien loin de l’illicite», montrant qu’ils ont bien fait de se repentir et de se mettre au vert avec la musique, «bénef de la beuh qui part dans le mic», alors qu’ils auraient pu tomber dans une délinquance sans possibilité de chemin retour, «et j’suis sûr qu’à deux choix prêts Nabil et moi on aurait pu prendre Paname».
Les deux frères cherchent le chemin de la rédemption, «que Dieu nous pardonne pour nos crasses», et là où ils doutaient de leur bonheur auparavant, «j’sors un sourire j’me dis qu’il est faux, c’est pas normal d’être si malheureux», ils peuvent maintenant constamment être assurés de le vivre avec les gens qu’ils aiment, «toute l’année je les aime, j’rêve d’un avenir heureux pour eux, car au final sourire nous va à merveille», et ceci, c’est bien mérité pour Tarik et Nabil Andrieu, eux qui malgré leur passé délinquant ont tout fait pour s’en sortir.
En conclusion, l’album remplit donc toutes les attentes et va même jusqu’à les surpasser, avec une richesse musicale spectaculaire, s’illustre comme un chef-d’oeuvre et un futur classique. Il suit parfaitement leur ascension derrière Que La Famille, Le Monde Chico, Dans La Légende, et nourrit une discographie d’exception. Ils montrent encore une fois qu’ils sont ce qui se fait de mieux dans le paysage du rap français, et dépassent même ce cadre avec une ambition mondiale. Ademo et N.O.S nous en apprennent encore plus sur Tarik et Nabil, ce qui attache encore plus l’auditeur à leurs personnes. Le succès critique est au rendez-vous à travers le monde où chaque journal national a parlé en bien de l’album, où les réseaux se sont enflammés, et les vidéos réactions ou analyse de leur album ont inondés YouTube.
Ils ont également gagné en exposition, figurant dans les tops mondiaux sur les plate-formes et même dans le Billboard, prenant en otage les meilleurs positions des charts françaises et créant un tremblement de terre sur leurs ventes, où ils ont réalisé l’exploit d’écouler 75 000 copies de l’album en trois jours (dont 45 000 en physique, chose rare de nos jours dans le rap français), en étant disque de platine avec 100 000 ventes en à peine 5 jours et en scorant 113 000 ventes dont 62 000 physiques en première semaine. Des chiffres faramineux malgré le leak, qu’on soupçonne être intentionnel vu la mauvaise qualité de celui-ci, qui a pu poussé les auditeurs à consommer l’album sur les plate-formes légales de streaming à sa sortie.
Et le groupe a bien rendu les remerciements de ce succès à leurs fans en faisant une parade sur un bus impériale à leurs couleurs avec leur entourage sur les Champs-Elysées, pour une véritable célébration et ainsi communier avec leurs auditeurs pour un concert improvisé, rendant l’avenue noire de monde et allant jusqu’à l’arc de Triomphe comme le symbole de leur victoire. L’album va sûrement prendre encore plus de valeur aux réécoutes vu sa profondeur, et s’inscrire sur une longue durée, certainement complété par de nouveaux clips dantesques et un nouvelle tournée inoubliable. Grâce à PNL nous sommes en train d’assister à un accomplissement légendaire jamais vu dans l’histoire du rap français, donc soyons heureux de pouvoir en être témoins et profitons-en.