YG – 4REAL 4REAL

Critique

Moins d’un an après un Stay Dangerous décevant, YG est de retour avec 4REAL 4REAL. L’album est sorti rapidement, sans réelle promotion autour, dû au fait que YG était trop préoccupé par le décès tragique de son ami Nipsey Hussle, comme il l’a souligné sur Twitter. Stop Snitching a donc été dévoilé en guise de premier single, un son agressif adressé à 6ix9ine, avec qui il a déjà échangé des pics l’année dernière, suite au fait qu’il ait balancé ses compagnons à la police. Go Loko sort peu de temps après, se voyant inviter Tyga et Jon Z, dans un son original au parfum mexicain, sur une production poussant jusqu’à la trompette typique du Mexique, ridée par Jon Z, artiste hispanique local. L’album sort donc sans fioritures peu de temps après, étant l’avant-dernier de YG avant que celui ne se retire, comme il l’a précisé toujours sur son compte Twitter.

Une ambiance West Coast très présente

Sur cet album, YG est de retour sur ses fondamentaux californiens, rappelant son excellent album Still Brazy dans la même veine (qui est bien plus poussé tout de même), aspect qu’il avait laissé de côté sur Stay Dangerous. Ainsi, nous retrouvons en grande partie l’ambiance estivale de Los Angeles, avec des ambiances délicieuses de G-Funk, comme sur Do Your Dance. Ce morceau ensoleillé et envoûtant de rythme représente très bien cet aspect, marqué par une production groovy typique de la Californie, très bien ridée par un YG qui nous offre un refrain très accrocheur. Les invités suivent parfaitement la tendance en apportant chacun son groove, très chanté pour Ty Dolla Sign, ainsi que Kaamiyah, déjà présente sur Still Brazy, et ponctué par RJ et Mitch.

Ce côté est également présent sur le tout aussi rythmé morceau Keshia Had A Baby (référence au morceau Brenda’s Got a Baby de 2pac sur l’album 2Pacalypse Now sorti en 1991). En plus de son groove très West Coast, un story telling est apporté sur le morceau, puisque YG nous raconte l’histoire de Keshia, jeune maman qui fait tourner la tête de tous les hommes ayant une vue sur elle. Rose Gold accompagne très bien YG pour jouer ce rôle féminin propice à l’histoire du morceau. Cette ambiance légère et dansante se retrouve encore une dernière fois sur les morceaux Heart 2 Heart et Play Too Much qui s’enchaînent très bien. Sur le premier morceau, nous retrouvons toujours une production californienne très typique, avec un synthé purement West Coast. YG nous propose un refrain très fédérateur avec un dédoublement de voix, bien accompagné au chant par Arin Ray, excellent chanteur qui apporte sa mélodie au morceau.

Rose Gold est encore présente sur les backs, tout comme Meek Mill qui lui pose un couplet un peu plus lourd que l’ambiance légère du morceau. Play Too Much suit très bien le rythme, avec toujours cette ambiance légère, ponctuée de piano, où YG est accompagné de SAFE. Le côté West Coast se retrouve cependant également sur le côté plus banger traditionnel, en dehors de la légèreté des ambiances estivales. A titre d’exemple, nous retrouvons le morceau Bottle Service, morceau effréné avec une grosse boucle de piano, assurée par DJ Mustard, fidèle acolyte de YG. Notre rappeur californien rappe ici très fort sur la prod pour délivrer un gros morceau bien frappant. La même volonté de rap énervé est présente sur Stop Snitching, morceau ici un peu moins intéressant où YG rappe correctement, de quoi faire le travail suffisamment. Le morceau Do Not Disturb offre de nouveau un piano effréné sur lequel les protagonistes du morceau font le travail pour délivrer un petit banger relativement californien dans l’âme.

Sur Hard Bottoms & White Socks, nous retrouvons un kickage plus typique de la West Coast, sur une instrumentale simple avec seulement un piano, quelques snares et drums. Le côté californien est présent jusque dans les références du morceau avec par exemple la citation de noms de légendes du territoire que sont Dr. Dre, Snoop Dogg, 2pac, Kendrick Lamar ou encore The Game. Enfin, In the Dark reste sur ce registre West Coast, avec une instru groovy mais un peu plus sombre, ponctuée de claps et de drums obscures, YG prenant un flow menaçant sur le refrain. Les deux parties de l’album sont donc toutes les deux dans le style de la West Coast, mais avec des registres différents, la première étant plus sombre et la deuxième plus éclairée. Go Loko tombe comme un ovni sur l’album avec son ambiance mexicaine très bien sentie, vers le milieu du projet.

Des fillers dispensables

L’album aurai néanmoins pu décoller un peu plus si quelques sons oubliables avaient été évités. Parmi ceux-ci, nous retrouvons I Was on The Block, un morceau totalement plat qui ne décolle jamais et se révèle d’un fort ennui. Un drop après une première partie calme aurait pu élever le morceau, mais malheureusement il stagne sur une même ligne monotone inintéressante pour l’auditeur. De plus, les capacités des featurings n’ont pas été exploitées de leur mieux. En effet, avec un Valee sur le son, il aurait été possible de monter plus dans un côté aérien, lui qui a une voix très à propos de cet aspect. Boogie qui a sorti un bon album cette année, assez musical, aurait pu utiliser ce côté également, lui qui est de plus originaire de Compton, il aurait pu instaurer une meilleure alchimie avec YG. Parmi les fillers nous retrouvons aussi le remix de Stop Snitching, assez inutile, qui offre une performance à DaBaby au final bien oubliable et inintéressante à exploiter sur l’album.

D’autant plus qu’il n’y presque aucune différence avec le morceau originale (logique puisque c’est un remix), et surtout que le morceau conclue l’album, une conclusion bien bancale donc. Le morceau Her Story avec Day Sulan se révèle également oubliable, malgré que ce soit une interlude sur fond de violon sympathique, il ne tombe pas à point nommé dans l’album, étant placé sur la fin. L’hommage à Nipsey Hussle peut également être considéré comme décevant puisqu’il s’agit d’un simple discours sans émotions. Il aurait sûrement été plus judicieux de faire un morceau poignant et émotif à son encontre, d’autant plus la proximité qu’avait YG avec lui, avec une interprétation poignante sur une production céleste, il aurait pu nous tirer la larme à l’oeil.

Surtout en conclusion d’un album dédicacé à lui, le message aurait été beau. L’album se voit donc plombé par ces quelques fillers qui diminuent la qualité globale. Nous aurions pu réclamer aussi un peu plus d’approfondissement sur les bons morceaux, pour rendre l’album plus mémorable, car malheureusement nous ne retrouvons pas de morceau capable de porter l’album, album qui ne durera sûrement pas dans le temps. Néanmoins malgré ces défauts, celui-ci se révèle tout de même bon.

4REAL 4REAL est donc un bon album de YG, meilleur que son prédécesseur, qui renoue quelque peu avec la musicalité West Coast appréciée de Still Brazy. Néanmoins, il aurait été préférable que cette musicalité soit aussi poussée que sur l’opus de 2016, pour avoir peut-être une meilleure résonance à travers le temps. Le projet s’impose tout de même comme l’un des meilleurs de l’année aux Etats-Unis pour l’instant, compte tenu de la pauvreté relative de 2019. Il reste donc un album à réaliser pour YG si l’on en croit son tweet. Espérons que ce soit un album mémorable à la hauteur de ses deux classiques que sont My Krazy Life et Still Brazy, pour lui permettre de sortir par la grande porte, chose légitime pour un artiste aussi bon sur cette décennie.

Moins d’un an après un Stay Dangerous décevant, YG est de retour avec 4REAL 4REAL. L’album est sorti rapidement, sans réelle promotion autour, dû au fait que YG était trop préoccupé par le décès tragique de son ami Nipsey Hussle, comme il l’a souligné...YG - 4REAL 4REAL