Youssoupha – Polaroïd Experience

Critique

3 ans après NGRTD, le rappeur Youssoupha revient avec Polaroïd Experience. Était-ce vraiment nécessaire ?

Dans Polaroïd Experience, Youssoupha se vautre allégrement dans une sorte de mélasse variété-afro-pop-rap. Seulement il ne semble pas réaliser qu’en faisant cela, il quitte définitivement la case de lyriciste.

S’il y a bien une chose qui choque avec Polaroïd Experience, c’est que l’on passe de morceau en morceau sans rien retenir. Il n’y a rien de marquant, d’intéressant ou de transcendant. La faute à un parti pris d’abandonner la technique et le fond pour se concentrer sur la chanson. Il faut savoir que la majorité des morceaux de l’album sont chantés.

Comment peut-on s’auto-proclamer meilleur rappeur, Prim’s parolier ou encore Lyriciste Bantou alors que personne n’est capable de retenir ne serait-ce que 5 phrases notables de tout l’album ? La technique est tout simplement jetée aux oubliettes et les rimes sont très pauvres (quand il y en a). Il y a bien des allitérations dans le dernier morceau Le jour où j’ai arrêté le rap, histoire de prouver qu’il sait encore rapper. Mais il ne faut pas prendre ces quelques bonnes phrases perdues dans certains morceaux comme une preuve que Youssoupha peut mieux faire, mais au contraire qu’il ne peut pas faire mieux.

On retrouve aussi quelques maigres tentatives de puncher mais 1) c’est autour d’un océan de niaiseries et 2) ça ne punche pas du tout.

« Avant de soulever les foules, moi, j’étais grave agoraphobe »
« L’ouverture d’esprit ce n’est pas s’ouvrir le crâne »

Youssoupha raconte des choses mais de façon banale, dans Devenir vieux il se laisse aller à la mélancolie et évoque même avec lucidité le fait qu’il soit has been comparé à la nouvelle génération, dans Avoir de l’argent il songe à quitter le ghetto définitivement et prendre soin des enfants. Des choses assez convenues mais expliquées toujours de manière très plate, à la limite du déclaratif.

Musicalement parlant c’est assez moche. Il y a le morceau éponyme et Alléluia qui sont au dessus de la mêlée. A part ça, l’album est un très mauvais mélange entre sonorités africaines, pop et rap. Il faut aussi souligner que Youssoupha n’est pas un grand chanteur, cet album n’est donc ni bien chanté, ni bien rappé. M’en aller et Par amour démontrent justement à merveille cette volonté que Youssoupha a de vouloir chanter, sans en avoir le talent d’écriture et d’interprétation.

Youssoupha n’ayant pas de talent particulier dans l’écriture de chansons, on constate donc qu’il n’y a pas de beauté spéciale ou de forme remarquable qui se dégage de ses propos et qu’il a simplement abaissé ses lyrics pour les faire rentrer dans sa soupe pop sans saveur.

Youssoupha semble renoncer au concept même d’MCing, très bien, mais dans ce cas qu’il abandonne aussi le chant à d’autres plus talentueux. On va volontairement passer sur le pétage de câble qu’est Niama na yo, morceau intégralement rappé en lingala, sur une instrumental qui fera surement forte impression dans les carnavals et les fêtes foraines.

L’album n’est pas indigeste mais il laisse totalement indifférent, Youssoupha rappe, chante et on en a rien à foutre, c’est peut-être bien ça le pire.

Tibbar
Tibbar
Do you fools listen to music or do you just skim through it ?
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