Varnish La Piscine – Le Regard Qui Tue : rencontre musicale entre Méduse et un film de série B

VOTRE CERVEAU EST L’ÉCRAN

Entre la Méduse, Pharrell, le film de série B, Tyler, Terence Fisher, le rap, Monaco et les années 1960, Varnish La Piscine offre en neuf titres un regard neuf sur ce qu’un film auditif, une bande originale sans visuel a à apporter.

La première victime de ce « Regard Qui Tue » est celui qui écoute l’opus de Varnish La Piscine, cinématographe auditif. L’auditeur perd la vue quand les victimes de Gabrielle Solstice perdent la vie, tout est à imaginer. Il existe autant de visuels possibles que d’auditeurs.

A presque un mois de la sortie de cet album-concept, aucun film, aucun clip vidéo n’a été produit par Varnish La Piscine en lien avec son album. L’auditeur a donc carte blanche pour imaginer les paysages : les personnages sont – bien – connus, présents sur la couverture de l’album.

Varnish la piscine - le regard qui tue

De gauche à droite : Varnish La Piscine dans le rôle de Sidney Franko, Bonnie Banane dans le rôle de Gabrielle Solstice et Rico TK dans le rôle de Angel de Jesùs. La couverture de l’album est un collage avec des illustrations en arrière-plan, le tout sous un effet d’affiche dépliée : le décor nostalgique est planté.

Dans ce projet surprise livré le 18 janvier 2019, l’artiste genevois offre sa vision de ce que serait un film de série B en version auditive.

Son dernier projet en date Escape (F+R Prelude) sorti en 2016 racontait déjà une histoire scénarisée (l’évasion de son alias Fred Koriban) mais n’avait pas vraiment de ligne directrice musicalement parlant : il montrait les premiers pas de Varnish, accompagné de Rico TK (que l’on retrouve sur LRQT), Makala (aussi retrouvé sur LRQT, preuve supplémentaire de leur collaboration harmonieuse), Slimka et Daejmiy, rappeurs suisses à suivre de très près.

« Ginger Juice » produit l’année dernière pour son acolyte Makala a permis aux oreilles aguerries de découvrir le son typique de Varnish. Même chose sur le titre Coupe le Son ft. Makala de Deen Burbigo, sorti en 2017, produit par Pink Flamingo, alias de Varnish lorsqu’il officie comme beatmaker.

Enfin, son apparition cette fois à haute voix sur le titre Kangol Jetski sur l’opus Focus Pt. 2 de Di-Meh n’avait pas manqué d’éveiller de l’intérêt chez les fans de cette scène musicale helvétique.

L’histoire en quelques mots

Tout se passe à Monaco en 1966. Sidney Franko, enquêteur de choc cherche à arrêter Gabrielle Solstice – référence tout en légèreté à la série Desperate Housewives et au personnage Gabrielle Solis incarné par Eva Longoria -, Méduse (seule gorgone à être mortelle) au temps des sixties, connue pour tuer chaque personne qu’elle croise en un regard. S’en suivent différentes aventures, magnifiquement orchestrées entre le hip hop, la funk et la musique de film symphonique des années 60 à la Piero Piccioni.

Ndlr : les gorgones sont des créatures de la mythologie grecque dotées du pouvoir de tuer par pétrification quiconque les regarderait.

Un projet (presque) surprise

Le projet de Varnish la Piscine n’a fait l’objet d’aucune promotion, si ce n’est une mention sur la Radio Nova ou bien le soutien inconditionnel des membres de son équipe (ici et ici).

Bubble.. sorti le 28 décembre 2018, relayé par son équipe de la Superwak Clique a servi de single de transition entre Escape (F+R Prelude) et Le Regard Qui Tue mais ce titre n’est pas retrouvé sur le projet.

Le teasing pour Le Regard Qui Tue a eu lieu seulement cinq jours avant sa sortie. Sur leurs réseaux sociaux, en stories, en posts Instagram : Varnish comme Bonnie postent cet extrait incompréhensible hors contexte où l’on voit Gabrielle Solstice trember, se retourner et nous foudroyer du regard.

Actuellement, les visuels du Regard Qui Tue se limitent à une photo où une femme a les yeux bandés, une nature morte avec des agrumes, deux photos/collages de Sidney Franko et Angel de Jesùs et évidemment, la vidéo de Gabrielle Solstice qui nous avait laissé médusés 5 jours avant la sortie de l’album…

Le regard qui tue

D’autres mini-visuels existent : une mini-vidéo où on voit Sidney Franko prendre des notes avec, en fond sonore, une chanson en italien non disponible en streaming et une mini-vidéo où Angel de Jesùs peine à exercer son métier de journaliste sous une pluie battante.

Un casting de rêve

Varnish La Piscine

Varnish la piscineVarnish La Piscine alias Pink Flamingo alias Fred Koriban aka Jephté Mbisi aka Pink Flamingo, artiste suisse dans le rôle de Sidney Franko, enquêteur de choc qui donnerait tout pour parvenir à ses objectifs : «  He haunts, he catches and then he just murders the s*** out of everybody. »


Bonnie Banane

Bonnie Banane

Bonnie Banane, artiste française, découverte pour ma part en 2016 en featuring sur un morceau de Kezo nommé Potion, sur la compilation du label Grand Ville Records Vol.1.

https://soundcloud.com/grande-ville-records/potion

Plus généralement, le public a découvert Bonnie Banane avec Myth Syzer sur différents morceaux de l’album Bisous, notamment avec « Le Code » dont la sonorité comme le visuel ont marqué l’année 2018. On a également retrouvé celle qui interprète Gabrielle Solstice sur l’album Nuit de Jazzy Bazz, toujours en 2018, sur le morceau Stalker featuring Nekfeu.

La connexion entre Varnish et Bonnie semble évidente : une importance majeure accordée à l’aspect visuel de leur art, une part belle laissée à l’humour, à la construction de personnages. Le Regard Qui Tue révèle la versatilité de Bonnie, capable de nous transporter avec sa voix et d’incarner à la perfection son personnage.


Rico TK

rico tkRico TK, artiste suisse ayant vécu aux Etats-Unis (important à noter lorsqu’on l’entend dès l’introduction) dans le rôle de Angel de Jesùs, journaliste aux trousses de Franko. Comme Varnish, Rico est membre de la SuperWak Clique.

Les aficionados de rap suisse sont déjà sûrement familiers de cet artiste s’ils ont écumé YouTube en 2016 et que leur chemin les a menés vers le morceau Hit A Lick, sorte de mega featuring (Di-Meh, Slimka, Danitsa et Rico TK) avec des artistes de la scène musicale suisse incarnée par la SuperWak Clique et plus largement la maison de disque Colors Records (à ne pas confondre avec la chaîne YouTube Colors Studios).

Rico est polyglotte : il rappe en anglais, narre en français-anglais-portugais. Il a vécu aux États-Unis comme l’indique une interview du média suisse epic magazine : les influences de hip hop américain sont donc extrêmement présentes sur Le Regard Qui Tue grâce à sa participation.

Apparitions

Makala, dans le rôle d’un acolyte de Sidney Franko. Connu d’une bonne partie du public français qui s’intéresse à (alerte terme parapluie) la « musique alternative » grâce au titre Ginger Juice (programmé sur la Radio Nova une bonne partie de l’année 2018) produit par Varnish La Piscine, nous retrouvons Makala, membre fondateur de la SuperWak clique sur Le Regard Qui Tue, sur le morceau Bad Boy.

La collaboration entre les deux est de longue date : elle remonte à 2013 avec le projet de Makala « La Clef » produit par Varnish.

Depuis la collaboration n’a pas cessé : on retrouve même un morceau de Varnish, sans Makala, sur le projet Gun Love Fiction de Makala (2017). Logique de toute façon : « Y’a qu’Varnish la Piscine qui fait briller Fruity Loops » (Makala, Gun Love Fiction)

Un projet nourri d’influences diverses

Usuellement, le profil Instagram d’un artiste est un simple regroupement de ses visuels, de ses concerts, quelques posts de promo pour les artistes avec lesquels il est en lien

Mais Varnish fait tout différemment : son Instagram est une sorte de moodboard de toutes ses inspirations visuelles, cinématographiques et musicales, de morceaux de vie ainsi que de ses collages. Son compte Instagram est la version digitale d’un atelier d’artiste où on trouverait des photos et des collages participant au processus créatif un peu partout.

Varnish IGCapture d’écran du profil Instagram de Varnish La Piscine

Logiquement, surtout par rapport au film auditif qu’est Le Regard Qui Tue, les deux grands domaines artistiques qui intéressent Pink Flamingo sont la musique et le cinéma.

Deux influences musicales majeures : son père et son grand frère spirituels : Pharrell Williams et Tyler, The Creator

Si l’on ne l’avait pas déjà remarqué dans l’imagerie visuelle ou musicale de Varnish, son profil Instagram renseigne clairement sur l’attachement inconditionnel que Pink Flamingo éprouve à l’égard de celui qu’il définit comme son père, Pharrell Williams, et à l’égard de celui qu’il voit comme son grand frère Tyler, The Creator.

Pendant ce temps, Tyler considère Pharrell comme une figure importante, comme il le confiait en 2016 dans une lettre publique adressée à Williams : « Je n’ai jamais eu ni père, ni oncles, ni frères, ni rien. Donc merci d’avoir été mon modèle et une figure masculine autour de laquelle j’ai gravité. »

Ces deux artistes étaient par ailleurs ensemble en studio il y a quelques jours (le 6 février 2019), une collaboration de rêve pour Jephté (collaboration qui fera suite au magistral IFHY sur Wolf sorti en 2013).

Pharrell, inspiration majeure pour Varnish

Les inspirations que Varnish puise chez Pharrell se ressentent clairement que ce soit par rapport à la funk-rock de N.E.R.D (que l’on retrouve bien plus sur les productions de Varnish pour d’autres artistes que sur LRQT) ou bien par rapport à la pop mélangée au hip hop et au r’n’b des Neptunes, retrouvée dans des morceaux comme Bad Boy ou Yukulélé.

Varnish a eu l’opportunité de monter sur scène avec Pharrell en 2018.

Tyler, The Creator, frère d’une autre mère de Varnish la Piscine

Le lien avec Tyler, The Creator est assez évident à l’échelle du collectif Odd Future/SuperWak : deux équipes d’artistes, créateurs, à l’imagerie qui tourne autour du cinéma, du skateboard, du rap, de musiques plus douces et avec comme mot d’ordre l’imagination et l’absence de limites.

Parallèle entre la couverture de l’album Wolf de Tyler, The Creator (2013) et un visuel de Varnish La Piscine.

wolf varnish la piscine

La filiation entre Pharrell Williams et Tyler, The Creator en lien avec le monde du cinéma est assez intéressante par rapport à un élément commun dans leurs carrières.

Retour en 2013 : Pharrell Williams connaît un succès planétaire avec le morceau Happy, produit pour la bande originale du film d’animation Moi, Moche et Méchant 2 produit par les studios Illumination. Tyler, The Creator fait un cameo dans le clip vidéo de Happy.

2018 : la société de production Illumination fait appel à Tyler, The Creator pour participer à la bande originale d’une nouvelle adaptation du Grinch, narrée par Pharrell Williams. En ressortiront deux projets : la BO du film et un projet parallèle inspiré par le film (avec la participation de Ryan Beatty et Santigold).

On ne peut que souhaiter à Varnish La Piscine d’avoir l’opportunité de composer la musique d’un film, d’animation ou non, dans un futur proche.

Des influences cinématographiques plus ou moins monomaniaques : série B de science-fiction et horreur des années 1970 à 1990

Les références de Varnish La Piscine montrées sur Instagram sont assez occultes à première vue. En effet, Varnish aime une niche précise du cinéma : le style de science-fiction et/ou d’horreur des années 1960 à 1990, à l’exception de The Love Witch sorti en 2016.

Dans le désordre on y trouve :

  • Une référence à la série TV « L’Incroyable Hulk » de Bill Bixby (1978)

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La piscine baby … La piscine 🛰🛰

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  • The Love Witch est un film d’horreur de comédie américaine de 2016 écrit, monté, réalisé et produit par Anna Biller, qui raconte l’histoire d’une sorcière des temps modernes qui utilise les sorts et la magie pour que les hommes tombent amoureux d’elle avec des résultats désastreux (pas sans rappeler le pouvoir de Gabrielle Solstice). The Love Witch se déroule dans les années 60 – ou une illusion des années 60 – exactement comme Le Regard Qui Tue.

  • La Gorgone/Medusa film fantastique britannique de Terence Fisher (1964)
    • Adaptation cinématographique du mythe antique où méduse est en lutte contre ce pouvoir démoniaque dont elle redoute l’étendue…
  • L’Horrible Cas du docteur X 1963, Etats-Unis, Roger Corman
    • Raconte l’histoire d’une lotion développée par un scientifique pour développer son sens de la vue, voir l’invisible à l’œil humain. Or l’expérience devient hors de contrôle lorsque le scientifique poursuit les expérimentations clandestinement et est désormais capable de voir à travers les objets et les personnes, et peut-être même au-delà de la matière.
    • Encore une fois ce thème du pouvoir hors de contrôle

  • Amityville 1979 de Stuart Rosenberg, film d’horreur
    • Dans une maison bourgeoise, un jeune homme, dans un accès de démence, tue à coups de fusil ses parents, ses frères et ses sœurs. À son procès, il affirme avoir été possédé par une voix lui ordonnant de tuer tous les siens.
  • Vij, film d’horreur soviétique réalisé par Constantin Erchov et Gueorgui Kropatchev en 1967, Adapté d’un récit fantastique de l’auteur russe Nicolas Gogol.

Finalement, ayant vu toutes ces inspirations issues du monde de la science-fiction et du cinéma d’horreur, il faut se rendre à l’évidence et avouer que les éléments symboliques de ces genres ne sont pas retrouvés dans l’histoire contée dans Le Regard Qui Tue qui est plutôt un mélange de film policier et de comédie avec quelques moments de sensualité.

Pourtant cet univers est omniprésent dans la manière d’aborder le projet, c’est à dire avec des bruitages extrêmement exagérés, le pouvoir magique incontrôlé de Gabrielle Solstice des dialogues absurdes et une esthétique – qui se limite certes aux visuels présentés précédemment – hauts en couleur.

L’esthétique cinématographique d’un Regard Qui Tue adapté en film serait ainsi un mélange de film de science-fiction de série B avec l’humour de OSS 117 et la sensualité de La Piscine de Jacques Deray sorti en 1969 (auquel le nom de scène de Varnish fait sûrement référence).

Les indices laissés par Varnish La Piscine par rapport au thème du regard

Depuis 2017, Varnish La Piscine publie régulièrement des photos énigmatiques de gros plans sur des yeux. Ces photos sont en réalité des arrêts sur image de différents films de science-fiction et d’horreur des années 1960 à 1990.

Varnish visuelQuelques films visibles : Frayeurs de Lucio Fulci (1980) ; Kiss Me Quick! De Peter Perry (1964) ; Amityville de Stuart Rosenberg (1979)

Épitomé le 30 juillet 2017 quand VLP publie une photo de la Méduse vue par Terence Fisher dans un film de 1964.

Piste par piste..

  • Somewhere In Monaco..

    • “Monaco, 1966 etc” ‘produit par les studios colors pictures » shoutout Medusa she remind me of you » : ainsi est annoncée la couleur dans le morceau d’introduction, l’évocateur « Somewhere in Monaco… »
    • Le décor est placé par Angel de Jesùs, alias de Rico TK, narrateur de cette expérience sonore. « Cette histoire n’est pas une histoire, cette histoire est une expérience auditive. »
    • Souci du détail : en voyant la stylisation de la ponctuation, on observe qu’il manque un troisième point de suspension, exactement comme dans le morceau, « single », de transition entre le projet précédent Escape (F+R) Prélude et Le Regard Qui Tue « Bubble.. ».
    • Ironique quand on sait qu’un morceau du projet précédent était sobrement intitulé « … »
  • LRQT.. (By Gabrielle)

    • Premier morceau où l’on entend Méduse, Gabrielle Solis Solstice. Le contraste entre la voix suave de Bonnie Banane et la diction incisive de Varnish annonce le tandem qui se suivra tout au long de l’album. Dans LRQT, Gabrielle présente son pouvoir, sa malédiction : « Suis-je coupable ? D’être née avec ce regard qui tue »
  • Routine

    • On passe de la violence à la sensualité comme dans un un film d’espionnage.
    • Tout rappelle OSS 117 : le dialogue où l’assistant de Franko n’ose pas le questionner, que Franko renchérit en lui disant d’aller au bout de ses idées avec un air suffisant. Le tout accompagné d’effets sonores dignes des meilleurs films de série B.
    • Les musiques d’ambiance évoquent les effets sonores de la science-fiction des premières heures alternés avec des effets d’habillage sonore plus dans le genre des films d’espionnage.
  • Bad Boy

    • Changement d’ambiance assez radical par rapport au deux premiers morceaux, l’ambiance rappelle clairement Pharrell et les Neptunes.
    • Une présence de gangsta rap à la 50 Cent est audible au niveau de la mélodie à 0:50, ainsi que par rapport à la manière de rapper et aux paroles.
    • Les xylophones apportent une atmosphère années 1970s, dans l’esprit de Michel Legrand (REP).
    • Sidney Franko confie qu’il a « besoin de temps pour comprendre son pouvoir » et nous donc… Beaucoup d’écoutes sont nécessaires pour comprendre le disque.
    • Le quatrième mur est brisé quand Varnish La Piscine, après avoir digressé du thème de l’album nous fait un rappel : « Oh j’m’en bats les couilles, c’est moi qui ait fait le beat de toute façon, qu’est-ce que tu vas me dire, je vais laisser passer le beat. »
  • Yukulélé

    • Dès les premières notes, on se croit plongé.e dans un jeu vidéo
    • « Nique ta race si tu crois que j’envoie des prods » le quatrième mur est brisé de nouveau le temps d’un instant, Sidney Franko redevient Varnish le producteur.
    • Les paroles « DVD, j’raconterai cette histoire en DVD » laissent sûrement deviner la possibilité d’une adaptation à l’écran…
  • FACE TO FACE

    • Stylisation des titres à partir de ce moment sera en majuscules.
    • Toute la place est laissée à Gabrielle Solstice : un véritable dialogue musical a lieu entre la criminelle et l’enquêteur. Les sonorités sont nourries d’influences funk.
    • Les passages absurdes tels que « et si je n’étais qu’un instrument du nouvel ordre mondial ? » sur ce morceau ou du « méditation sur un palmier » au beau milieu de la chanson Kangol Jetski de Di-Meh sur le projet Focus Pt. 2 font toute l’identité de varnish
    • Rires, bruitages : tout est là pour que l’on s’imagine en plein dans un film.
    • Les personnages s’essayent aux dialogues chantés : évoque les réalisateurs français Eric Rohmer et Jacques Demy, la comédie musicale en général.
  • DAFT PUNK.. Interlude

    • Décrire ce morceau serait spoiler le scénario.
    • Les instruments (flûte, guitare, harmonies) sont exactement ceux utilisés dans les films d’espionnage nostalgiques des années 1960 .
    • On y entend une voix robotique dire « I do not understand your project » et c’est encore une fois le quatrième mur qui est brisé : tout auditeur pourra s’identifier.
    • « Mais non j’rigole » répété en gimmick montre le côté – si on ne l’avait pas saisi – humoristique de l’affaire, le tout surmonté d’une musique d’ascenseur.
  • FFFLASHBACK !!

    • Morceau repris par toute la SWK dans leurs stories Instagram pendant les semaines suivant la sortie
    • Un morceau extrêmement catchy dès les premières secondes. Le synthétiseur, les paroles absurdes contrastent avec la mélodie au piano et les qualités de rappeur de Rico TK qui fait sur ce projet une démonstration incroyable de son talent.
    • Assez ironique d’entendre les paroles « Walk up in this b**** this s*** is looking like a movie” ou « Y’a du suspens comme dans un film » dans cette aventure cinématographique auditive.
  • SUPERNOVA

    • Influences distinctes d’une partie de la chanson française des années 1980 : les paroles « Elle s’apprête à détruire toute ma vie… » chantonnées par Varnish rappellent Alain Chamfort ou Etienne Daho.
    • Les batteries sont plus présentes que jamais sur ce morceau qui vient clôturer le voyage du Regard Qui Tue.

Bilan

Les synthétiseurs typiques des années 80 peuvent sembler kitsch mais le résultat est tellement bien produit, l’humour tellement lourd et léger à la fois que le projet ne verse jamais dans la ringardise lourdement ou bien le fait avec classe.

Tout est question de jeu de contraste avec Varnish. Les dialogues absurdes ou humoristiques sont mêlés à de la musique cinématographique (harmonies audibles tout au long du projet), à une démarche assez intellectuelle (celle de faire un album-concept-film-auditif) contrebalancée par des bruitages potaches et des moments complètement hors de l’histoire, le tout, on l’a vu, dans une ringardise assumée et revendiquée.

Ce côté ringard revient souvent avec Varnish : la (fausse) interview publiée un peu avant la sortie du visuel du morceau de Slimka sur lequel il est en featuring « Wes Anderson » – encore une référence cinématographique – laisse apparaître l’écran d’introduction ci-dessous.

Pour aller plus loin

Pour en savoir plus sur Varnish La Piscine, voyez l’épisode 2 de la minisérie de la chaîne YouTube du Temps de Lausanne sur le voyage de trois membres de la SuperWak Clique au Bénin (Varnish, SlimKa et Di-Meh). On y voit Pink Flamingo dans son élément, en improvisation avec un brass band. Chaque intervenant dans la vidéo est convaincu du talent de Varnish et lui promettent un avenir radieux. Oumar Touré du label Colors Records le définit comme un « artiste complet, qui va se développer, évoluer, grandir sans limite […] jusqu’à sa mort. »

Passion album-concept

  • Krisy – Menthe à L’eau (2016)

    • Le projet qui m’a fait aimer les albums concept : avait aussi pris le soin – d’autant plus vu sa qualité d’ingénieur du son – de soigner les bruitages, la prise de son des dialogues. Krisy est un autre représentant de la francophonie musicale Belgo-Helvétique et sa créativité infinie. Menthe à L’eau raconte un morceau de vie entre Krisy et Marie-Hélène, l’auditeur est plongé dans une journée/nuit avec ce couple.
    • De même, Menthe à l’Eau est film auditif, romantique, cette fois ci inscrit dans le réel. Les fans attendent toujours une comédie musicale pour accompagner le projet – évoquée par Krisy lui-même depuis
    • Heureusement, l’album à venir de Krisy « Euphoria » sera, si tout se passe bien accompagné d’une bande dessinée et de visuels sous forme de films d’animation.

  • Gracy Hopkins – For Everyone Around Rage [S01] (2018)

    • Ici, ce n’est plus un film mais une série auditive, l’album est décomposé en épisodes.
    • Comme à son habitude, Gracy Hopkins façonne dans sa musique des personnages profonds avec un storytelling extrêmement soigné.
    • Ironie du rapprochement avec le reste de l’article : sur la 7ème piste, E07: Guestlist [+3], Varnish La Piscine est crédité pour avoir co-écrit le morceau et participé aux « vocals. »Gracy Hopkins
  • SCH – JVLIVS (2018)

    • Jvlivs, album de SCH sorti 2018, est un véritable album concept entrecoupé d’interludes parlées, avec la participation de José Luccioni, voix française d’Al Pacino.
    • Qu’un artiste aussi connu ait fait un album-concept permet de visibiliser et, possiblement, populariser ce genre intéressant, poussant à la créativité et à des projets construits.

SCH JVLIVS cover

 

Note : C’est quoi un film de série B ?

Article très instructif du blog prepaciné : http://prepacine.over-blog.com/article-la-difference-entre-serie-b-et-serie-z-pour-les-nuls-107206035.html

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