Être un rappeur et écrire une chanson à destination de l’un de ses parents est une chose qui est devenue -presque- cliché. Cela dit, certaines œuvres sont des petits bijoux incontournables. Retour sur deux des plus touchantes de l’histoire du rap. Les « lettres ouvertes » de Nas et Tupac pour leur maman.
Partie 1 : « Dear Mama » de Tupac
Le 21 février 1995, Tupac dévoilait Dear Mama, premier extrait de Me Against the World (son 3e album studio). Il est sorti quelques mois seulement avant son assassinat. Dedans, le rappeur raconte sa relation avec sa mère, Afeni Shakur. Pourtant, à l’image de ce qu’il incarne, le rappeur veut rester franc. Il cite les qualités mais aussi les défauts de celle qui lui a donné la vie : une façon de marquer son admiration, tout comme ses déceptions passées. Il donne énormément de détails sur son enfance difficile, la pauvreté, raconte ses échecs, de ce qui l’a poussé vers gangstérisme…
Surtout, c’est un hommage vibrant à sa mère. Bien que celle-ci ait mis Tupac à la porte quand il avait 17 ans, ils ont fini par renouer contact et l’artiste lui a dédié ce titre afin de la remercier et de l’encourager. Une façon de rendre la pareille à la première femme de sa vie. Il en profite également pour tacler son père, ce lâche qui les a abandonnés.
Avec le temps, la chanson est devenue l’un des plus gros succès de 2pac. Elle a été très influente, notamment au sein du hip-hop. En effet, elle a poussé bon nombre de rappeurs à se détacher de l’image de voyou qu’ils veulent renvoyer afin de se confier un peu plus, être plus introspectifs. Un premier pas vers la fin de la domination du « gangsta rap ».
Partie 2 : « dance » de Nas
Nas vivait une période très compliquée au début des années 2000. Ses deux derniers albums étaient loin de faire l’unanimité. I AM… étant carrément un échec critique et commercial. S’en sont suivis le clash avec Jay-Z puis le décès de sa mère de qui il était très proche. Même s’il a largement battu Jay-Z (grâce à l’incroyable disstrack Ether, considérée comme l’une des meilleures de l’histoire), ce beef a entaché la réputation de Nas. Un petit moment après le décès de sa mère -qu’il aurait vue mourir dans ses bras-, l’artiste a publié l’album God’s Son, l’un de ses plus grands succès. Cela lui a permis de parfaire son chemin de croix, de renouer avec la critique et le public, en grande partie grâce à sa qualité d’écriture, sa franchise.
Qualité présente dans le titre dance. Cette chanson est dédiée à Fannie Ann Jones, sa mère, qui a perdu son combat contre le cancer en avril 2002. Le texte y est poignant, faisant de cette chanson l’une des plus touchantes du rap. A la fin du morceau, on peut entendre Olu Dara (le père de Nas) qui joue de l’harmonica, afin de boucler la boucle. Il n’y a rien de plus à dire, l’œuvre magnifique se suffit à elle seule :
Partie 3 : comparaison des deux œuvres
Bien que Nas et Tupac soient opposés sur beaucoup de points (et aient même été ennemis), leur démarche est similaire dans le fond : les deux offrent une preuve d’amour et de reconnaissance à leur génitrice. Ils diffèrent dans la forme. Tupac évoque son enfance et rend hommage à sa mère alors que celle-ci est encore en vie. Nas, quant à lui, parle davantage des moments passés aux côtés de sa mère lors de sa vie d’adulte, et lui rend un vibrant hommage posthume. Le premier a fait de sa chanson un single et pas le second.
Cela dit, les deux textes prennent des allures de lettre ouverte, les deux artistes utilisent la 2e personne du singulier et s’adressent directement à leur maman. Finalement, même si ce sont des œuvres très personnelles, elles peuvent toucher tout le monde, c’est pourquoi nous avons décidé de partager ça avec vous. C’est notre façon de rendre hommage à ces deux légendes qui ont profondément marqué le hip-hop de leur empreinte. Mais c’est aussi et surtout notre façon d’avoir une pensée pour toutes ces femmes qui sacrifient une partie de leur vie pour que nous soyons là aujourd’hui.
