Seulement 6 mois après VII, son premier album, Koba LaD revient avec L’Affranchi, un deuxième album plus élaboré que le précédent, mais toujours très faible.
S’il est en nette progression, il ne faut pas perdre de vue que Koba LaD ne pouvait que faire mieux que VII. Mais, écrit en 10 jours de son propre aveu, L’affranchi sonne comme un album précipité et expédié avec empressement. Rien ne donne l’impression d’une quelconque élaboration ou sophistication, que ce soit dans le fond ou dans la forme.
Caricature de lui-même ?
De par sa voix, ses gimmicks et ses sujets, Koba semble s’être autoparodié tant il est prévisible et anticipable sur cet album. Koba du 7, l’intro du disque, est un condensé de l’univers du rappeur. « Je suis dans le gamos », « je suis dans le binks », Koba aligne les banalités sans jamais s’essayer à améliorer sa forme. L’egotrip reste basique, à la limite du déclaratif. « Je suis dans le carré VIP, j’ai une montre », Koba nous décrit ses possessions, ses signes de richesses, où il se déplace, et c’est tout.
« Je suis », « j’ai » reviennent d’ailleurs tout au long de l’album, comme si ce n’était que sa seule façon de pouvoir décrire et rapper. Ceci cause une extrême redondance et l’impression que le MC nous raconte juste sa journée et qu’un beat a été posé derrière. Le contenu est d’une extrême pauvreté. Ce sont les productions (quoiqu’assez mauvaises dans l’ensemble, exceptions faites de Mélange et RR.91) qui vont élever l’intérêt des morceaux, les transformant en bangers. Mais la qualité intrinsèque textuelle est elle, inexistante.
Omniprésence de la drogue
Constituant les sujets de l’énorme majorité des morceaux, la drogue constitue la clé de voute du logiciel Koba LaD. Cellophané, Quadrillé, Guedro, Quotidien : tant de morceaux qui vont évoquer la question de la drogue, sans jamais la creuser en détail. Il n’y est question que de détail et de vente, le vocabulaire est souvent le même et d’un morceau à l’autre, on peut entendre les mêmes phrases et les mêmes tournures.
Et Koba va se contenter de cette approche très superficielle en continuant sa description déclarative. Koba parle comme il rappe, pas sûr que ce soit bon signe cependant. « Va la bas, vends tel ou tel truc », « Te fais pas péter », le propos est inintéressant, aux ras des pâquerettes et très très accessible. Est-ce le but ? Surement, mais on peut être accessible sans être faible.
Drogue/showcase : l’avant/après systématique de Koba
L’album alterne entre le passé et le présent, d’une manière d’ailleurs assez systématique. S’il y a bien un classique chez les rappeurs qui n’ont plus rien à dire entre 2 albums (généralement celui qui les fait connaitre, puis le second, celui de la « réussite »), c’est créer ce qu’on appelle, un « morceau à l’imparfait » : une longue réminiscence inutile. Cellophané ou O.G en sont d’ailleurs de bons exemples, puisque Koba va systématiquement y comparer son passé de vendeur de drogue et son présent de rappeur successful. Sur Mélange, il explique d’ailleurs qu’il vendait de la drogue au lycée et que désormais, il fait de l’argent en showcase.
Une introspection ratée
Pour toi, le dernier morceau de l’album, est dédié à sa mère. Figure maternelle revenant d’ailleurs souvent tout au long de l’album, que ce soit par des excuses ou des regrets. Koba y aborde très brièvement son frère jumeau, mort prématuré. L’aspect chantonné est désagréable et entache le refrain, Koba s’y livre toutefois et approfondit son écriture. Il dissémine une dizaine de lines, entrecoupées par ce refrain qui est dans sa forme assez paresseux tant sur la mélodie que sur le texte.
Il y a en réalité si peu à dire de cet album. Koba LaD est le fruit de l’empressement. Seulement 6 mois après son premier album (qui arrivait déjà trop tôt) il s’enferme 10 jours en studio (sans aucun doute une idée du label) afin de pouvoir délivrer son second album. Friands de capitaliser sur la hype Koba, son entourage le compresse afin d’en extraire une substantifique moelle qui demeure très légère. Et même si cet album est mieux que le précédent, il ne faut pas interpréter quelques bonnes phrases noyées dans le tas comme une preuve qu’il peut mieux faire, mais au contraire qu’il ne peut pas faire mieux.
En bref, L’affranchi est un album à éviter qui ne tire son épingle du jeu dans aucun domaine, ni musicalement, ni dans le rapping pur, ni dans les idées de morceaux et ni dans la manière d’exploiter les thématiques qui sont à l’honneur dans l’album. Un album raté de bout en bout.