La perte de vitesse de Koba LaD

Koba LaD n’est maintenant plus à présenter dans le paysage du rap français. Malgré son jeune âge, il a réussi à s’imposer comme l’un des rookies les plus en vue en l’espace d’un an. Fort de son succès, il a décidé de mettre les bouchées doubles et de sortir son album L’Affranchi seulement quelques mois après VII, son premier album studio. Mais est-ce une bonne idée d’entreprendre un enchaînement aussi rapide ? Ne se risque-t-il pas à la perte de vitesse, à l’épuisement artistique ?

Un début prometteur

Le jeune Koba est donc arrivé avec fracas dans le game, avec une série de freestyles nommée Ténébreux. Il nous propose une trap virale sur des instrus effrénées avec un flow efficace et découpé, mais surtout une voix particulière. En effet, celle-ci, très poussée dans l’aigu va lui permettre d’être clairement et facilement identifiable dans le rap français. Avec ce style singulier, Koba apporte un vent frais à la trap française et un certain intérêt. Il poussera encore ce style sur Train de vie, le morceau qui fera son premier vrai gros succès.

Gonflé à bloc, il enchaîne en dévoilant des nouveaux morceaux où il prouve sa force en trap, avec J’encaisse et Oyé. Il s’essaie même à un style de zumba sur La C en profitant encore de sa voix, pour un rendu plus embryonnaire cette fois. Il ira jusqu’à se faire remarquer par Def Jam puis signer, et ainsi l’exercice de l’album studio s’offre logiquement à lui. C’est donc dans cette continuité que sort VII, son premier album studio. Bien qu’il est possible de ne pas accrocher à sa musique à cause de sa voix particulière, il propose sur cet album un travail à saluer.

Le rendu est plus pro, il bénéficie de bonnes productions grâce à la participation de très bons beatmakers comme Ikaz Boi par exemple. Il arrive à apporter une certaine polyvalence à l’album et offre des bonnes performances. Des défauts sont présents, mais certaines bonnes bases sont présentes. Néanmoins, au lieu de prendre son temps pour faire maturer sa musique, la rendre plus travaillée et donc meilleure, Koba préfère enchaîner. Et c’est là tout le problème.

Un travail expéditif

Notre jeune rookie décide donc de rempiler immédiatement derrière. Il sort ainsi les singles inédits et hors albums que sont Fefe, Aventador, RR et R44. Des bons sons qui montrent une certaine progression et peuvent procurer une certaine hype et des attentes pour son prochain album. Malheureusement le morceau RR sera retiré suite à une phrase polémique, et Aventador s’avère être un plagiat du morceau You on You de Yella Beezy.

Viendra ensuite pour lui le temps de sortir les singles de son album, à commencer par Cellophané. Un bon morceau digne d’un single pour un album de Koba, avec le très bon apport de Seezy à la production qui nous offre un bon travail. Il annonce donc son album, avec une belle cover et surtout une façon très intéressante d’annoncer sa tracklist, sur fond d’ambiance mafieuse. Le plus remarquable sur cette tracklist est la présence de gros featurings, notamment Ninho et Maes en vogue en ce moment, ainsi qu’un Niska très en forme cette année. Le featuring avec celui-ci sortira juste avant l’album, et se retrouve très réussi, avec une ambiance trap et une alchimie logique entre les deux.

L’album sort donc, et pour ce qui est des autres featurings, la réussite se rélèvera moindre qu’avec Niska. Le morceau avec Maes est totalement dans l’univers de Maes, ce qui lui donne donc le highlight et efface Koba. Même syndrome pour le son avec Ninho, où l’instru légère à la guitare se prête plutôt à Ninho qu’à Koba. Ce dernier se retrouve donc entraîné dans l’univers de ses invités au lieu de les inviter dans le sien. Pour ce qui est du reste, nous observons que trop peu de progression pour Koba.

Des approches musicales faciles à anticiper puisqu’il reste dans ses habitudes sans vraiment apporter de progrès, ni de surprise. Cet album n’apporte que peu de nouveautés à l’oeuvre de Koba, et ne lui offre pas forcément un meilleur niveau, n’étant que superficiel au final. Ceci est explicable dû au fait qu’il a fait l’album en dix jours, à l’instar de son confrère Ninho, pour au final sortir un album décevant tout comme lui. Cette durée de travail se révèle beaucoup trop courte pour livrer un produit satisfaisant, peu d’artistes en sont capables.

N’est pas Jay-Z qui veut, il est difficile de livrer un Blueprint en une semaine. Au niveau de la réception du public, pas vraiment de gain non plus, celui-ci n’est pas surpris, donc la réception se retrouve moindre. Aucune réelle augmentation des ventes non plus (VII s’écoulera à 18.603 exemplaires en première semaine, tandis que L’Affranchi ne s’écoulera qu’à 10.325 exemplaires en première semaine). Le bilan immédiat est donc mitigé pour ce deuxième album studio.

Quelle suite pour Koba ?

En perte de vitesse, Koba doit maintenant se poser les bonnes questions. Il serait déjà judicieux de plus prendre son temps à travailler son prochain album. Néanmoins, ce temps doit être passé avec application, car prendre son temps n’est pas forcément gage de qualité, nous avons pu le voir récemment avec le décevant album de Schoolboy Q. Koba LaD possède désormais un peu plus d’expérience et a donc certains atouts pour savoir comment aborder la suite. Il doit essayer de proposer plus de surprises, un certain renouvellement.

Pour cela il dispose déjà de tests qu’il a réalisé par le passé comme La C ou Pour Toi, et doit donc plus pousser le style si il veut atteindre des réelles nouveautés réussies. Son entourage est également une force. En effet, il dispose maintenant de nouveaux featurings exploitables, et de nouveaux beatmakers comme Seezy qui a apporté un gros travail sur Mélange par exemple. En plus de cela, pourquoi pas étendre son catalogue de featurings, par exemple avec 13 Block dont la musique pourrait bien marcher avec celle de Koba, dans une atmosphère trap.

A noter qu’il dispose aussi du soutien de Booba, avec qui il pourrait réaliser un gros morceau. Cet apport serait considérable, sachant la récente force que Booba a montré en collaborant avec des jeunes rappeurs comme Maes ou Bramsito, ou des anciens comme Médine. Koba puise également sa force d’une certaine identité artistique par son univers puisqu’il est facilement reconnaissable. Un bon travail a été réalisé là-dessus, il est donc intéressant de continuer à l’exploiter en l’enrichissant pour l’étoffer. Il a la chance d’être encore très jeune et d’avoir les bonnes cartes en main, à lui de bien les jouer pour s’assurer un grand futur.

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