Big Sean s’allie avec le très convoité producteur Metro Boomin afin de nous proposer l’album 10 titres intitulé Double or Nothing. Une occasion de nous rappeler que des bonnes productions ne suffisent pas à rattraper un MC catastrophique.
Big Sean nous avait habitué à tellement mieux. Bien entendu, il a toujours eu cette fâcheuse manie de l’obsession de la punchline, un peu comme Lil Wayne sur Carter IV. Cette obsession lui causait déjà beaucoup de tort par le passé, mais sur Double or Nothing, cette manie atteint des records sans précédents. Big Sean est juste mauvais, lyricalement. Il parvient à tuer toutes les bonnes intentions de Metro Boomin.
« I don’t drink tap water, but got tapped phones »
« I’m not playing with you, bitch, this not the NBA »
« I be damned if I didn’t 69,I can hit this shit until I’m 69 »
Des lyrics tryhard extrêmement mauvais et gênants, sans parler de sa line pétage de plombs où il se voit fumer un joint avec Rosa Parks, qui est juste totalement hors-sujet et non-avenue et pour laquelle il fut la risée de la communauté rap US.
Ça commençait pourtant très bien avec l’introduction Go Legend. Un peu comme dans un conte de fées, avec le sample de la magnifique Diana Ross, qui ajoute un côté féérique et onirique à la production. Même si Big Sean n’est pas très en forme sur ce morceau, c’est l’une de ses moins mauvaises performances sur l’album. Travis Scott est lui, au refrain, tout en maitrise. Le deuxième morceau, Big Bidness, est le meilleur morceau de l’album. Porté par une excellente production de Boomin, à la fois sombre et enjouée de par ses synthés, Big Sean porte quelques jeux de mots moyens « Nothing free, not even style » mais le couplet reste assez bon, surtout son 2e couplet, qui apporte une certaine technicité.
Il se fait totalement écraser par la présence et le flow de 2Chainz, dont on regrettera le très court couplet. Ajoutons également que ce sera le seul bon refrain de Big Sean, de l’album.
À part ces 2 morceaux, les autres pistes sont médiocres. S’il y a bien un morceau qui est véritablement horrible, c’est So Good. Contrairement à ce que le titre pourrait laisser penser, rien ne va dans ce morceau. C’est le pire morceau, le pire refrain, le pire beat, le pire featuring, ce morceau est tout bonnement catastrophique.
De ce constat découlent 2 problèmes majeurs. Premièrement : Big Sean et Metro Boomin ne sont pas compatibles. Leurs styles n’ont rien en commun et on ne ressent aucune osmose, Big Sean gâche littéralement les productions de Metro Boomin. Contrairement à 21 Savage qui adapte ses rimes et son flow en fonction des prods de Boomin, on ne ressent rien de spécial en écoutant l’album Double or Nothing si ce n’est un grand gâchis.
Deuxièmement : le contenu des rimes de Big Sean. Bien que Sean s’autocongratule très souvent sur sa suprématie, ses faiblesses lyricales atteignent un niveau inquiétant. Il est très loin du niveau de Dark Sky Paradise. Même sans prendre en compte l’aspect technique, Sean ne raconte plus rien, il n’y a aucun effort de cohérence et de contenu. Que reste t-il de son ironie et son talent d’écriture, qu’il a visiblement troqué contre des jeux de mots cramés ?
Visiblement pas grand chose. Le plus triste de cette histoire étant que celui qui souffre le plus de Double or Nothing est Metro Boomin.