Un casting de rêve
La première chose qui est marquante avec ce projet, c’est son casting : en effet il y a 14 invités, et pas des moindres (Big Sean, Gunna, Young Thug, Offset, Takeoff…). Cependant, dans l’industrie musicale, comme dans le monde du cinéma, avoir un casting de qualité ne garantit pas un projet de qualité. Et surtout, avoir un si gros casting peut être à double tranchant : cela offre de la visibilité à l’album et fait parler, mais ça peut aussi être néfaste, dans le sens où il est difficile d’offrir un projet cohérent avec des artistes aussi différents, et ceux-ci risquent fortement de faire de l’ombre à l’acteur principal.
Osons la comparaison : Travis Scott avait brillement relevé le défi avec Astroworld, puisque celui-ci était excellent, et cohérent, malgré la pléthore d’artistes aux styles opposés qui le composaient. Tout le contraire de Rich The Kid et son nouvel album.
A la recherche du hit
The Word Is Yours, premier du nom, avait fait parler de lui grâce à ses invités de marque mais également ses hits, à l’image de la musique Plug Walk qui est devenu un tube à l’échelle mondiale, ou encore l’excellent New Freezer, dans lequel Rich The Kid se frottait à Kendrick Lamar au sommet de son art :
Pour TWIY2, le rappeur a tenté de réitérer la performance, en vain. C’est simple : l’album reprend les codes de tout ce qui marche en ce moment dans le hip-hop, mais sans reprendre la qualité, sans jamais innover, sans jamais se démarquer. On obtient donc un album très fade, voire carrément bancal.
Redondance
Rich The Kid semblait stagner au moment de TWIY 1, lui qui avait toujours le même flow, qui parlait systématiquement des mêmes sujets, qui sortait peu de sa zone de confort, qui tentait très peu de nouvelles choses. L’album était un projet plutôt bon, mais sans plus, et surtout il était loin d’être surprenant. Maintenant il semble avoir régressé, ne parvenant même plus à faire de hits, ne sortant quasiment plus du tout de sa zone de confort, se contentant de surfer sur les modes.
Pourtant le rappeur disait à qui voulait l’entendre qu’il allait sortir l’album de l’année. A force de faire ce genre de déclarations, cela crée des attentes disproportionnées, auxquelles il est difficile de répondre. A$AP Rocky avait fait la même erreur pour Testing.
Rich The Kid pensait-il réellement qu’il allait sortir le meilleur disque de 2019 ? Sans doute pas. Le garçon n’est pas idiot, l’objectif était le même que la présence d’un gros casting : augmenter la visibilité de l’album. Et cela ne semble pas avoir porté ses fruits puisqu’il a écoulé à peine 42.000 unités en première semaine, un score plus que décevant vu la hype générée autour du projet avant sa sortie.
Conclusion
The World is Yours 2 n’est pas un bon album, mais tout n’est pas pour autant négatif, il y a ici et là quelques (rares) bonnes musiques, telles que l’intro du projet ou le single Splashin qui sont efficaces. Il y a également l’excellente Woah, qui est nettement plus RnB, dans laquelle Miguel fait une excellente performance. De même pour l’outro, For Keeps, qui permet à NBA YoungBoy de briller. Et au niveau des prises de risque, la seule qu’on peut citer, c’est Ring Ring, où Rich The Kid pousse la chansonnette en compagnie de Vory. Tout le reste est bien trop moyen voire mauvais pour perdre du temps à en parler. RTC se fait manger par ses invités sur chacun des feats. La qualité des beats est cependant à souligner.
La forme n’est pas le seul problème de cet album : il n’y a aucun fond. L’artiste parle uniquement de drip, de sa richesse, et de bitches. Pourtant, on aurait aimé qu’il évolue à la manière d’un Offset, qu’il se confie un peu plus. Notamment au sujet de son beef avec Lil Uzi Vert, ou même qu’il parle de son enfant, lui qui va être papa. Ce sera peut-être pour la prochaine fois. Ou pas.