Après plusieurs projets sortis de 2014 à 2019, et dernièrement un single intitulé « Malaboy » le jeune rappeur Chanceko dévoile à présent son nouveau projet « Gaura », composé de quatre titres dont un featuring avec Take-A-Mic avec qui il avait déjà collaboré.
Cet EP tombe à pic puisque l’artiste a récemment été médiatisé grâce à l’émission « Rap Jeu », et parce que l’automne bat son plein, ce qui permet d’instaurer une cohérence avec le titre du projet, qui fait référence à une fleur qui fleurit en été, et qui continue de fleurir en automne.
Le rappeur profite donc d’un contexte qui lui est favorable pour mettre en lumière sa palette artistique et offrir un projet étant dans la continuité des précédents : riche et travaillé sur une courte durée. Cela lui permet aussi de continuer sa phase d’expérimentation, en vue d’un potentiel premier album.
Gaura, un projet de 13 minutes qui vaut le détour.
L’ascension de Chanceko
N’importe quel individu, à n’importe quel moment de sa vie, et dans n’importe quel domaine, peut connaître une ascension.
C’est le cas de Chanceko qui, après avoir travaillé « d’arrache-pied » comme il le déclare dans son projet « Sobre » (projet assez introspectif où Chanceko exprime ses ambitions et sa peur de l’échec) a réussi. Il a achevé ce qu’il voulait accomplir dans la vie et est passé d’un homme rêvant de richesse, à un homme ayant accompli ce rêve. Dans Gaura il insiste d’ailleurs sur le facteur travail qui a été déterminant « pas là par accident, j’ai passé des dures nuits, seul dans la cuisine, avant de voir l’excédent ».
Cette ascension se traduit par l’aisance financière qu’a acquis le rappeur. Ce nouveau projet tourne donc autour d’un sujet majeur : l’argent. En effet, sur chaque titre l’artiste nous démontre clairement qu’il a ce qu’il faut pour acheter des choses de valeur. Ce sujet est directement introduit sur le premier morceau intitulé « Galeries Lafayette » qui est une célèbre boutique connue et appréciée pour la présence de marque de Luxe. Chanceko fait donc comprendre qu’il a les moyens de s’offrir des habits provenant de cette boutique. Le troisième titre du projet vient compléter cet axe, car il fait référence à la marque de Luxe « Jacquemus » connue pour ses sacs à main.
Encore une fois, le rappeur montre qu’il peut acheter ces fameux produits, mais ici ils sont logiquement destinés à une femme en particulier. Ce morceau est donc une belle façon d’allier ego-trip et romance. Au-delà des titres de morceaux explicites, il y a des dizaines d’allusion à la fortune au sein du projet comme « ma sacoche vaut ta SACEM » ou « Plein de flouz c’est ça qu’elles aiment ».
En clair, Chanceko vient de loin et maintenant qu’il a une bonne situation, il se permet de « flex » car il est fier de lui. Néanmoins, malgré un grand saut vers la réussite, Chanceko est ambitieux et en veut encore. Sa situation ne le satisfait pas pleinement car il veut encore plus s’imposer dans la musique. Dans le morceau Elvis il déclare « on veut la carrière à Travis, mourir en légende comme Elvis ». L’artiste est déterminé plus que jamais à devenir une superstar.
Cependant, cette détermination est freinée par une prise de conscience sur ce qu’’il est en train de vivre, car il se rend compte que tout n’est pas si rose dans la « fame », tant recherchée par beaucoup d’artistes. La fame, ce n’est pas seulement gloire et argent, chose que Chanceko croyait sûrement. Sur le morceau Arc-en-ciel il nous exprime donc son ressenti sur le show-business qu’il appelle « le grand bain », avec beaucoup de mélancolie : « coup de blues j’perds l’appétit dès le matin » ou « dans mon esprit c’est l’horreur » en autres.
Chanceko est en fait un artiste chamboulé par son succès, il devra donc se poser les bonnes questions s’il veut vraiment continuer à grandir dans son art, car le succès sera encore plus important. Mais il existe une solution pour que Chanceko tienne le coup dans ces moments difficiles, c’est l’amour. En effet, les sujets de l’amour, ou plus largement les relations avec les femmes, prennent une place assez importante dans la vie de l’artiste ce qui a conduit à de divers morceaux à vocation romantique dans sa discographie. De plus, dans un morceau assez malheureux comme Arc-en-ciel, il s’adresse tout de même à une femme « Mami reste à mes tés-cô, j’toffrirais plus que des cristaux », qui montre que dans la tourmente, une femme serait en fait un soutien moral de taille pour lui. L’argent, l’amour, la mélancolie… tous ces sujets seront sans doute abordés dans le prochain projet de Chanceko, il ne reste plus attendre patiemment pour découvrir comment.
Un goût prononcé pour l’esthétique
La définition d’esthétique, c’est Science du beau dans la nature et dans l’art ou la beauté. Chanceko aime les belles choses et il le démontre à travers différents aspects.
Le premier aspect est la mode. Le rappeur apprécie la haute-couture et c’est pour cela qu’il y a de nombreuses références aux marques de luxe, que ce soit dans les titres (vu précédemment) ou encore dans certaines lignes comme « Paire de Dior à 800 balles ». Outre son attrait apour le Luxe, Chanceko rappelle que s’habiller cher n’est pas synonyme de classe. Il a donc la ferme volonté d’être bien habillé et le montre avec la phrase « Galeries Lafayette, faut que la tenue soit correcte ».
Enfin, ce qui vient appuyer l’aspect mode, c’est la collaboration avec Take-A-Mic qui prend tout son sens puisque ce dernier est un passionné de vêtements et publie souvent du contenu en rapport avec cela sur les réseaux sociaux. Le second aspect est tout simplement le plus important : la musique. Effectivement, sur Gaura et même sur une majeure partie de ses morceaux, Chanceko ne laisse rien au hasard et travaille méticuleusement chaque élement de sa musique. D’abord sa voix, qui est vraiment singulière et identifiable, grâce à l’autotune bien maitrisé. Ensuite les prods choisies, qui collent toujours avec l’ambiance du morceau et qui ont toujours une petite touche d’originalité, afin de transporter l’auditeur là où le rappeur le souhaite.
L’exemple concret sur Gaura est le morceau « Galeries Lafayette » où le producteur BGRZ fournit un travail fabuleux, entre sonorités rap, pop, et même variété pour un résultat raffiné, en parfaite adéquation avec le sujet du morceau. Un autre aspect qui peut être mentionné, c’est la cover du projet. Cette dernière met l’accent sur l’esthétique puisque c’est une peinture. Style qui sort donc des sentiers battus et qui apporte une vraie particularité au projet. Elle représente Chanceko aux côtés d’une fleur de Gaura sur un fond imposant aux couleurs pleines de sens.
Premièrement la couleur Orange rappelle l’automne, date à laquelle le projet a vu le jour. Ensuite, le Rouge lui symbolise l’amour et la passion, thèmes présents sur le projet, mais c’est aussi la couleur qui a le plus fort potentiel d’action, chose qui peut être dite au sujet de Chanceko. Enfin, il est possible d’évoquer la touche de Blanc (le Blanc n’est d’ailleurs pas considéré comme une couleur) ajoutée à la cover, qui amène un brin de douceur et de légèreté au sein des couleurs chaudes, et rappelle la Gaura.
Tous ces éléments composant l’EP Gaura prouvent que Chanceko est un artiste prometteur qu’il faut absolument découvrir. Ce projet n’est que la suite logique de sa carrière qui continue d’aller de l’avant, et qui précédera sans doute un premier album qui s’annonce surprenant.