Question de croissance
On est tous Des mômes qui grandissent rappe Doudou Masta au début de ce siècle. Le rappeur de Timide Et Sans Complexe (nom tiré d’une série des 80’s) revient sur le parcours de son frère aîné. Vingt ans plus tard, sans lien apparent, Jewel Usain se détermine à ne pas subir Où les garçons grandissent.
Il se raconte à travers les situations de son odyssée. Des récits évolutifs auxquels il fait mine de les prendre à la légère. Doudou a fini acteur et donne de sa voix dans différentes productions audiovisuelles. Jusqu’à présent Jewel affiche avec sérieux sa cinéphilie en musique.
OLGG n’échappe pas à cette règle. Bien que plus sobre dans son développement qu’En mode difficile, sorti en 2021. Plus d’une liane à son arbre, Usain atterrit fin octobre 2023 avec l’intention de se démarquer un cran au-dessus. Une formule plus accessible. De là à penser qu’il aime jouer avec les codes, pour mieux surprendre son auditoire, il n’y a qu’un pas.
Un mouvement que Thésaurap a pris dans la direction de Jewel Usain pour qu’il exprime le fond de ses idées. Ce qui l’anime et nous réserve derrière cet album. Qu’il débute puis clôture avec un thème musical tel un générique de film. On vous invite à l’écouter avant de lire ces lignes pour éviter tout spoiler.
Case départ
Où est-ce que tu as grandi ? Quels ont été les effets positifs comme négatifs de ce lieu sur ta vie de garçon ?
Je suis né et j’ai grandi à Argenteuil, Cité Jaune qui n’est plus de cette couleur depuis longtemps, mais a gardé le nom. Que du positif comme effets, parce que j’ai appris en venant d’une cité, à avoir les codes de deux mondes différents. Je me sens bien chez moi, comme j’arrive à me sentir bien quand les instances sont un peu plus hautes, se comporter d’une certaine manière, être un peu plus sur la retenue. J’ai l’impression d’avoir acquis ces codes parce que s’il y a un bien endroit où tu apprends à être un caméléon, c’est en cité.
On retrouve trois dilemmes qui reviennent souvent dans ta musique : le monde du travail, celui de la musique et la vie de couple. Comment tu te places dans chacun ?
Je ne me suis jamais senti à ma place dans le monde du travail. Un endroit où lors de ton entretien d’embauche, on a envie de connaître ta personnalité. Dès que t’es embauché, on te demande de t’éteindre, de feater avec l’entreprise. Je travaille depuis l’âge de seize ans et j’ai pu m’arrêter il y a deux ans. Quand j’ai commencé à vivre de la musique. J’en ai fait des métiers différents et je peux t’assurer qu’ils se ressemblent tous. Il faut faire attention de ne pas être la mauvaise personne au mauvais endroit. Ça peut avoir des effets néfastes. Tous les métiers doivent être pratiqués, on en a besoin. Il y a sûrement des gens à qui ça parle et c’est très bien comme ça.
Cela doit faire douze ans que je fais de la musique. Tu peux vite tourner aigri, si tes attentes sont à côté de la plaque. On ne te demande pas d’avoir des ambitions démesurées, c’est bien d’en avoir. Il faut que tu saches à quelle catégorie d’artistes tu appartiens, si tu ne veux pas être déçu de certaines retombées. Au détour de quelques lines, tu peux sentir ce côté revanchard : vous ne me reconnaissez pas à ma juste valeur, mais il faut faire attention.
Je n’ai pas voulu m’étaler sur ma vie de couple. Sur mon EP précédent, les trois derniers morceaux, j’en parle énormément. Il était temps de passer à la progéniture. Si on peut avoir cet aspect, c’est parce qu’il fallait inscrire une temporalité dans mon projet. Donner l’impression d’un vécu, si j’avais parlé d’une seule relation, tu aurais pu donner un ordre de temps. Là, tu arrives à inconsciemment donner une timeline dans tout ça. Tout ce que j’ai fait, c’est de réunir une expérience de trente-quatre ans.
Vaut mieux être traité comme une merde (en référence à l’intro sur En mode difficile) ou être esclave de son oseille ?
Il vaut mieux être esclave de son oseille. J’ai toujours du mal à comprendre les personnes blindées d’oseille qui n’arrivent pas à y trouver leur compte. D’où je viens, c’est le but. Peut-être qu’un jour, je les comprendrais. Il y a des voix sur ce chemin qui te disent de ne pas y aller, mais on ira quand même parce que se sentir comme des merdes, on sait ce que c’est. Être blindé d’oseille on ne sait pas encore, alors on va voir ce que ça fait.
Est-ce que ton statut de rappeur a déjà débordé sur ton statut de salarié par rapport à la clientèle qui aurait pu te reconnaître ?
L’année où je me fais licencier, je suis vendeur et sur les devantures des magasins Courir. On me voit porter une paire de marques. Tu imagines le contraste ? Il y a de quoi péter les plombs. C’est bénéfique, car tu gardes les pieds sur terre. En même temps, il va falloir choisir ce que tu veux être . Oui, ça a pris le pas, c’est ce qui fait que je craque, que j’aille vivre mon truc. Cependant, le fait que les gens me reconnaissent ça ne m’a jamais dérangé. Au contraire, tu pouvais venir en direct vérifier la véracité de mes propos.
Tuerie en tout genre
Prince Waly et Tuerie sont des amis rappeurs que tu côtoies régulièrement ? On ressent une certaine complicité à l’écoute.
Tuerie, on se connaît depuis 2012, on avait le même réalisateur de clips. Un collectif du nom de Kick My Camera qui réalise un projet à l’époque où il s’appelle Tuerie Balboa et moi, c’est pour L’étranger à domicile. Au début, c’est j’aime bien ce que tu fais, puis on se voit régulièrement, on a des gars en commun. C’est une relation qui sort du rap. Je peux l’appeler et lui demander ça fait quoi.
J’aime cette relation saine qui se crée avec les artistes de ma génération. On s’est délesté de certaines choses pour vivre dans le vrai. Je pense à des gars comme Houssbad qui est trop cool ou 3010. C’est marrant, ce sont des noms sur le papier il y a dix ans qui étaient voués à être des Michael Jackson, ça ne s’est pas fait. Pourtant tout le monde est encore là et toujours intéressant dans sa proposition. Ce qui est apparemment propre à notre génération. Dès le départ, il y a cette relation de respect qui s’installe, toi aussi t’as survécu à ces dix années.
Avec Waly, on se connaît depuis 2014/2015. On n’a pas fait les quatre cents coups, mais très vite s’est installé quelque chose du genre, je t’aime bien. Je ne sais pas comment ça s’est fait, ce sont les énergies des gens. J’ai collaboré avec d’autres personnes et je ne considère pas toujours la même chose, mais ces deux-là, je les aime beaucoup.
Quand tu les contactes, est-ce en tant que Jewel ou Yoann ?
Cela reste indissociable parce que notre musique est criante de vérité. Tu n’as choisi qu’un pseudonyme pour te marketer, mais en vrai, on est les mêmes personnes.
Pourquoi l’intitulé New Slave + ?
C’est en rapport avec le jeu vidéo. Quand tu termines un jeu, on te propose de rejouer la partie en option new game + avec tous les pouvoirs que tu as acquis. Tu recommences avec ton expérience. On a réussi à atteindre un but, mais on recommence la partie et le pire, c’est qu’en plus on a tout. Apparemment, on a maintenant plus d’argent dans les poches, mais on a le sentiment de revenir au départ, à un nouveau problème.
C’est Tuerie que l’on entend à la fin de Je reste là ?
Oui, il est au studio au moment où j’enregistre le titre. Il passe et puis on fait de la musique. À la base, je dois rentrer chez moi à 21h30 et je suis rentré à 5h. On finit ce morceau, fatigué. StillNas, le producteur du son laisse le micro ouvert et du coup, on entend la réaction de Tuerie derrière. On décide de le garder car c’est marrant.
Storytelling
Tu as fait un choix particulier de revenir avec ce premier single clipé, puis d’envoyer le titre qui le précède sur l’album pour le troisième clip.
Je pense que ça peut se lire avec les clips. On a réussi à faire en sorte que ça puisse fonctionner à l’envers. Pourquoi je sors « Je reste là » ? J’ai à cœur d’imposer une nouvelle image, je sais qu’on me perçoit comme le rappeur technique, vite et bien. Je décide que non, je n’ai plus envie et veux être perçu d’une autre manière. Il me fallait quelque chose de plus posé. C’est pour ça que je fais ce choix qui me paraît être un risque. Les retours me font comprendre le contraire. Narrativement dans le premier clip, on trouve le pont pour passer à Eleanor. Je sors de chez moi, laisse mon fils, qui pendant mon absence, il va regarder cet objet de convoitise.
De père en fils, on transmet le même désir donc malheureusement, on continue de raconter cette histoire. Ensuite, tu as Turquoise où je suis dans une sorte de limbes. L’endroit n’est pas palpable, on ne sait pas exactement ce qui m’est arrivé après que les assaillants nous sautent dessus. La véritable réflexion commence. Est-ce que je vais dans les limbes, le Bleu Marine ou je reviens interpellé par la voix de mon fils ?
Le clip est une référence au film Moonlight de Barry Jenkins [2016] ?
Exactement ! Ça fera énormément plaisir à Kidhao [Réalisateur attitré] de savoir que son clin d’œil est reconnu.
Riches sans argent
On te sent amer vis-à-vis des rouages de l’industrie (Pastille Bleue). Par exemple, elle a préféré monter certains en égérie, qu’on te remercie de rapper alors que ça fait partie de la base (The Hustler’s Book). En parallèle, tu n’hésites pas à avouer le passage de la page blanche.
Quand tu es dans ce système depuis aussi longtemps que moi, c’est impossible de ne pas avoir des idées négatives sur les éléments qui t’entourent. Cela fait partie du process pour que tu puisses te remettre en question. Tu comprends que c’est toi, qui n’es pas bon à l’instant t. Il faut passer par toute cette houle qui te donne le seum. Je suis passé par là, je l’ai expérimenté. En même temps, il faut comprendre que c’est peut-être ta faute, le syndrome de la page blanche. Il y a aussi ta productivité à remettre en question. Un questionnement sur le reste qui est humain et le fait de comprendre que le problème, c’est toi. C’est pour ça que « Incapable » est placé comme troisième morceau avant la fin. Le gars comprend que la source, c’est lui.
Comme mettre la daronne à l’abri.
Si ce n’est pas l’idée la plus saugrenue qu’on a pu se mettre dans la tête…
Tu indiques aujourd’hui être ta propre inspiration, mais quand tu étais plus jeune ? Lorsque tu as commencé le rap.
Il y a beaucoup de Saïan Supa Crew, Leeroy, je me le prends. Après t’as du Eminem, genre plus jeune même jusqu’à aujourd’hui. Je l’écoute moins, mais ce n’est pas possible que tu n’aies pas envie d’être fort en rap quand tu l’écoutes. Tu souhaites maîtriser à fond la discipline. L’inspiration est très Hip Hop US. Je sais qu’à une période il y a des artistes comme Kery James qui m’ont extrêmement donné, Orelsan, pour l’autodérision. Le fait de prendre un sujet et le dédramatiser, pourtant, c’est deep, mais pour que ce soit plus digeste.
À la poursuite de la licorne
Quel regard portes-tu sur les films Malcolm & Marie de Sam Levinson [2021] et 60 Secondes Chrono de Dominic Sena [2000] ?
M&M, c’est une heure et demie d’embrouilles d’un couple et je vis leur situation à mille pour cent. Je le prends et reconnais toutes ces phases. Le déni, vouloir revenir, en même temps, tu sens que ta tentative est vaine. J’ai trouvé ça fort parce qu’ils ont réussi à synthétiser les maux de beaucoup de couples. À plus forte raison que Malcolm aspire à la célébrité et il y a la question de la reconnaissance. Est-ce que la fille avec qui tu partages ta vie a un rôle à jouer dedans ou pas ? Il y a aussi cette question qui est rentrée dans ma tête. J’aime ces films qui sont sujet à interprétation. Tu le regarderas et n’auras peut-être pas compris la même chose que moi. Comme disent les cainris hits different.
Pour ce qui est de 6SC, c’est l’enfance ! Mon fils qui n’a pas deux ans et joue avec des voitures, c’est le premier sentiment qui nous vient. Je ne sais pas comment le monde arrive à nous rentrer ça dans la tête. De manière implicite ce que tu regardes dans un film, tu finis par en avoir envie. Si tu vois une Mustang dans la rue et que tu veux la photographier, c’est lié à ce film. Pareil pour tous les artistes qui veulent cette voiture. Il y a de fortes chances que l’idée vienne de lui. Surtout l’Eleanor, tu ne l’as pas vu ailleurs. Quand on a vu la réplique à l’écran, on était admiratif. C’est un modèle qui n’existe pas, donc il y a encore plus cette notion de licorne. C’est une licorne !
Comment avez-vous construit les skits avec le personnage de L’ancien ?
Je fais le skit quand je suis en studio avec Waly et on discute de cinéma. Puis je décide de prendre une phrase du film, je découpe directement et mets une phrase au milieu. Une semaine plus tard, je me dis, on va avoir des problèmes à faire ce genre de procédé [rires]. Je me donne comme objectif de retrouver le doubleur de la voix de Chi McBride qui joue le rôle de Donnie Astricky, le comédien s’appelle Jean-Paul Pitolin. Une traque qui dure pendant quatre jours. C’est un homme d’une soixantaine d’années qui n’est pas connecté sur internet. Je demande à Anthony Kavanagh, Greg Germain la voix de Will Smith, Donald Reignoux (la voix de Spider-man d’Andrew Garfield).
Il y a un autre ami à moi qui est acteur qui le connaît et me donne son numéro. Autour d’un café, je lui dis que je suis né en écoutant sa voix et lui propose de parler dans mon projet. JPP parle dans le morceau Eleanor et je me dis ok cool, mais d’où il vient ? S’ensuit mon problème de vouloir être tout le temps cohérent. Il ne peut pas juste atterrir sur une piste et puis il s’en va. Je dois lui inventer un semblant de passif, une moralité, etc. J’écris les autres skits, qu’il fait à la perfection et ça fonctionne.
Le gang
Est-ce que la première image te parle ?
Joe Pesci, De Niro et Ray Liotta dans Les Affranchis [Martin Scorcese – 1990].
Et la seconde ?
Non, ça ne me dit rien.
Ce sont les images qui me viennent en écoutant Eleanor. L’alliance d’une génération de rappeurs avec des références fortes dans le son et l’image (Marsellus Wallace du regretté Valentin Petit).
Ce clip fait partie de nos références. je pense que c’est un clip incroyable. Il s’est inscrit comme un standard. Une barre qu’il fallait atteindre.
C’est l’idée derrière la seconde photo qui est un hommage au cinéma de Scorcese avec deux acteurs de la série Boardwalk Empire, dont il a réalisé le premier épisode. Je trouve qu’il y a cette volonté quand on voit le résultat des feats et la photographie que tu apprécies. Est-ce que vous vous voyez comme le trio de Scorcese ou comme leurs héritiers ?
Nous sommes les héritiers, on ne peut pas ignorer le chemin qui a été fait. Je t’ai cité des grands noms juste avant, qui ont fait la musique d’aujourd’hui. Je pense qu’on est en train de reprendre leurs codes, on essaie de transcender en l’amenant plus loin. On est dans un sequel et pour apporter notre lot d’améliorations. Dans les précédents films, il y a des choses qui étaient très bien faîtes et d’autres non. Il y a tout ce pôle de communication, de transmission, je pense qu’il manque aux précédents films. C’est ce que nous essayons d’apporter avec ma génération, j’ai l’impression qu’on essaye de faire voler en éclats la vérité. Ça peut en délivrer certains sur les croyances qu’ils ont sur le rap.
Peux-tu nous en dire plus sur les autres invités, Saintdoss, Béessau et Hedges ?
Je vais commencer par Béesau qui chapeaute tout le projet. Il est à la prod de quatorze morceaux sur dix-sept. Dans tous les cas, ils sont tous passés par son ordinateur. On a réfléchi ensemble. C’est lui qui emmène cette couleur dans ma musique actuelle. Jusqu’alors les producteurs me donnaient des instrus qui me faisaient beaucoup plus aller sur du rap scénique, il faut que les gens enlèvent leur tee-shirt. C’est comme si Rémy Béesau savait ce qui était bon pour moi. Il a vu un élément et s’est dit non, écoute il faut que tu fasses ça, que tu ailles vers cette musique-là. RB a réussi à sortir d’autres émotions, je parle notamment des aspects chants. La confiance qu’il place en moi me permet de pousser la chansonnette.
Pour ce qui est du morceau avec Saintdoss, je lui laisse ce solo après qu’il me raccompagne chez moi en voiture, sur le siège arrière il y a mon fils. On se connaît depuis des années et on prend mutuellement des nouvelles. Je lui fais écouter Le Biff Part.2 et lui Turquoise, ce n’est pas la même instru, je lève la tête et lui dis mets-le dans mon album. Ce n’est pas que je l’aime bien, mais beaucoup, je vais te faire dire autre chose.
Je rajoute, « j’ai peur que le turquoise devienne bleu marine », pour que ça ait un sens avec la fin. J’ai le sentiment que cela peut apporter une compréhension supplémentaire et je décide de réaliser le morceau en ajoutant une vibe, plus la voix de mon fils, qui est avec nous, sans aucun autre couplet. J’en suis fier, car ça va avec notre envie de proposer quelque chose de différent.
Hedges, c’est un chanteur soul r&b incroyable, on se retrouve en studio et j’ai besoin d’un refrain sur Incapable. Après plusieurs essais, on se rend compte que c’est mieux de juste ne pas parler et que la trompette de Rémy retentit, car elle pleure à ma place. Ce qui suffit largement, par contre je garde ses voix sur le pont parce qu’il y a une couleur dans ce qu’il apporte. J’aurais pu ne pas le créditer, mais j’ai envie de mettre en avant sa voix. Je n’ai pas pu le faire sur le refrain.
Les cycles musicaux
Du fait de ton parcours, des époques musicales que tu as traversé : quelle oreille tu portes sur l’évolution des instrus rap ? Elles sont de moins en moins chargées. Limite, il y a surtout des nappes d’ambiance et un investissement vocal plus important de la part du rappeur pour tenir l’auditeur.
C’est une très bonne chose. Après, tu sais, c’est cyclique, un jour, on aura peut-être envie de nouveau de retourner sur quelque chose de plus chargé. Pour l’instant, j’ai l’impression qu’on fait bien le boulot et ça nous pousse à moins se cacher derrière des instrus tonitruantes. Justement se mettre plus en avant et on voit tout de suite ce que tu as à proposer ou non. Si tu veux que je ne décroche pas, il va falloir que tu travailles deux fois plus.
Quelle est la dernière instru sur laquelle tu aurais voulu poser ?
Il y a celle pour Deen Burbigo qui m’a soufflé, le morceau s’appelle Amour [LamaOnTheBeat & Malek], j’ai adoré et senti que si on me l’avait filé, il y aurait quelque chose à faire dessus. J’écoute un artiste qui s’appelle Teezo Touchdown. Très pop rock alternatif et il y a un esprit, j’ai un groupe de rock dans le garage de mon père et je kiffe parce que c’est de la musique bien faîte avec l’aspect teenage movie. Je crois que j’ai besoin de ce côté plus détente en ce moment.
Par rapport à la cover du précédent projet, est-ce que tu as ressenti le rejet d’un certain public rap qui ne te connaissait pas ? Elle ne donnait pas d’indication sur ton style.
Oui, je savais que je sortais une cover clivante et où j’allais. Quand on décide de sortir une version physique avec le boîtier PS4, je sais pourquoi je la choisis. S’il s’agissait d’une pochette lambda, ça aurait pu être une belle photo, mais comment je la décline dans un univers et j’en fais un atout qui sert mon propos du jeu vidéo ? C’est pour ça que je me suis dit, elle est bien comme ça. Avec le recul, je peux la regarder en me disant que ce n’est pas ma meilleure idée, mais à l’instant t, il suffit de voir comment les boitiers sont partis…
Celle-ci est plus artistique et sérieuse.
Oui, même si je suis content d’EMD qui m’a offert une deuxième vie. J’ai pu arrêter de travailler, je suis parti en tournée pendant deux ans. Je reste reconnaissant de ça, maintenant, je tiens absolument à me détacher de cette image. Entre temps, j’ai grandi, eu un deuxième garçon, donc il n’y a plus tellement l’envie de rire de mes propres blagues…
Il y a une retenue différente qui s’installe. Je voulais qu’on arrête de me mettre dans une case que je n’ai pas choisie : c’est de la musique de niche, un peu geek. Alors, oui, je suis bien trop calé dedans. C’est comme quand t’es un gars marrant, t’es pas obligé de l’être partout. Tu peux dans ton cercle, mais pas d’en faire tout le temps, encore plus si t’as envie de te faire comprendre.
Tu dis désormais je t’aime à ton fils ?
Je lui dis maintenant.
Est-ce que la série This Is Us t’a aidé à faire ton deuil [il fait référence dans l’album au décès de son oncle survenu avant la naissance de son fils] ?
[Rires] J’adore cette série, elle est incroyable. J’ai assimilé le fait que c’était beaucoup plus difficile pour les gens qui restent que pour les gens qui partent. C’est ce que cette série m’a appris.
Comment tu classerais Où les garçons grandissent dans ta discographie ?
Tout en haut.
