Gandhi – Effet boule de neige, précipitations en plat pays [Interview]

G.A.N.D.H.I

Le clip de Gandhi apparaît à une époque où rares sont les rappeurs belges mis en avant. Quasi-inexistant sur le marché français, sauf erreur de notre part, c’est grâce à un site comme feu Rap2k, qu’on a pu le visionner sur le net tricolore. Il contient une mise en scène classique du milieu des années 2000. La différence se trouve dans un pseudo accompagné d’un titre qui attirent la curiosité. Un noir et blanc porté par une boucle de piano et six lettres qui marquent l’arrivée d’un nouveau rappeur dans la course.

À cet instant, il ne s’agit que d’un nom de plus sur la liste. On ignore encore sa provenance, mais on se laisse prendre par ses trente-six mesures de peine. Un format qui deviendra une marque de fabrique pour notre rappeur bruxellois. Il délivre un bilan métaphorique du haut de son quart de siècle, des dépenses futiles à l’absence d’exemples de réussite. Loin d’être différent de son entourage, avec lequel il est aussi solidaire, que méfiant. Il reproduit ce fonctionnement dans sa musique, en reprenant les styles évocateurs de cette période, tout en se mettant sur la marge. Que ce soit la phase sur l’échographie bien usée par les mc’s, le parallèle avec la drogue ou citer un politicien français surmédiatisé.

Evereland

Qu’est-ce qui le rend différent de ses pairs ? Un flow aussi triste que sa voix cassée et des images. Beaucoup d’images traversent notre esprit lorsque Gandhi prend le micro. Elles apparaissent comme des formules abordables, sur lesquelles se reposent une mentalité guidée par la parole donnée et le combat du quotidien. Une amertume liée à des touches spirituelles, qui indiquent une certaine foi, suivie d’une absence volontaire de pratique.  Son texte traverse le temps, car un rappeur actuel au même âge, pourrait le reproduire tant l’actualité en milieu urbain semble figée, même pire accentuée. Le G.A.N apparaît comme un miraculé des réactions en chaîne, que tout un chacun peut être amené à traverser dans la vie.

La sienne se situe dans l’engrenage du quartier, il se persuade à ce moment précis, d’être plus proche de la haine que de l’amour. L’essentiel étant de vivre plutôt que de ne rien faire. C’est en devenant artiste, que certains trouvent leur exutoire, pour ainsi mieux éviter les dommages collatéraux. Celui qui se prénomme Georges dans la vraie vie, a su se frayer un chemin. En Septembre dernier, nous avons aborder avec lui, les périodes importantes de sa carrière. Effet boule de neige en est la première base. Il est issu d’un premier album solide nommé Le Point G, fort de propositions malgré la mélancolie qui s’en dégage.

Tout ce qui se passe ici donne un effet boule de neige et les étés ne sont pas assez chauds pour faire fondre cette boule de neige

Avant l’acte 

Quel est ton parcours avant l’album ?

J’ai commencé le rap avec le collectif 14 Fu Du Clan, une bande urbaine à Bruxelles qui avait une section Rap. Avec mes cousins, je faisais partie des petits du même âge qui rappaient. Le reste était plus âgé que nous et avait accès à un studio, c’est là-bas que j’ai enregistré mes premiers couplets. J’y ai pris goût, mais la vie faisant, le groupe a explosé et chacun a pris sa route. La mienne, avec des titres qui voyageaient bien à Germinal dans la commune d’Evere. Je dois beaucoup à mon quartier, c’est grâce à lui que mes maquettes ont tourné. De fil en aiguille, je reçois des demandes et pars dans l’optique d’une mixtape où je voulais mettre EBDN.

Une tape où l’on décide de mettre tous mes morceaux, en guise de résumé, des débuts de ma carrière. À l’intérieur y figure, “Affolant” qui a le plus tourné sur BX. Les Préliminaires [2008] a été produite par Frank Luckaz, mon réalisateur attitré de clips. En parallèle, un ami, Six monte son label Make Money et décide de produire Le Point G.

Juste avant il y a Les Balles Perdues Volume 1. Une sortie avec un lien internet pour faire monter la sauce, contenant tous les morceaux retirés de l’album. En sachant très bien qu’on en sacrifiait. Notamment “Abstraction”, qui dans ma discographie est le morceau que je préfère.

Quelle est ton inspiration et pourquoi ce choix comme premier single ?

C’est l’un des premiers que j’ai écrit et enregistré, puis l’équipe avec laquelle je travaillais m’a dit qu’il ne finirait pas sur la mixtape. Elle le considérait comme un morceau d’album qui devait avoir le soutien nécessaire, pour être entendu par le plus de monde possible. C’est comme cela qu’on l’a choisi. Un premier clip officiel avec du sérieux et des prétentions visuelles. Kendo qui a fait l’instru, avait composé “Affolant”

En 2006, quand j’habitais chez mes parents, je faisais d’abord découvrir mes textes à mon petit frère. Pour une fois, il m’a dit non, écoute ce n’est pas ça, l’instru est trop forte et tu t’es fait manger par elle. Tellement il y a un emballement au niveau du piano, il faut qu’il y ait des punchlines à chaque phrase. Pour que ton texte soit aussi emballant que la rythmique effrénée. Piqué dans mon ego, la nuit même, j’ai réécrit la version que vous connaissez. Je me suis mis le défi à chaque fois, de venir avec une image forte. Sans avoir choisi le titre au début, c’est à la fin, que j’ai constaté que ça correspondait à tout ce que je raconte. Un enchaînement de choses qui peuvent se passer dans la vie, qui en entraînent d’autres et ça ne s’arrête pas.

Jeu de maux

Comment définis-tu ton style lorsque tu lances des phases comme : Je claque tout dans mes baskets pourtant je me sens à côté / … / J’aie de quoi manger mais je suis rarement dans mon assiette / … / Dur de vivre sans un clou surtout quand on est marteau / qui peuvent sembler drôles ou anecdotiques.

Ce que j’aime le plus dans l’écriture, c’est de jouer avec les mots et leur orthographe, pour mieux les détourner. Quand quelqu’un me dit que mes textes l’amusent, je le prends comme un compliment. C’est comme une blague de papa, mais mise dans le contexte, ça prend tout son sens. Je définis ma musique textuellement comme étant un enchaînement de jeux de mots sensés. Tout le monde peut en faire, il y en a qui sont forts pour vanner, mais ça ne veut pas dire qu’ils feraient des bons rappeurs. Il faut savoir en faire qui peuvent ressembler à des vannes, mais qui respectent le fond et la forme. Ça devient une prouesse, de prendre des triangles et les rentrer à leurs places. Je me prends énormément la tête sur les textes, plus que tout le reste. 

C’est ce qui m’a fait aimer le rap, grâce à MC Solaar en termes de jeu de mots et richesse du vocabulaire, puis Dany Dan des Sages Poètes de la Rue, le premier à venir avec des punchlines qui te mettent par terre. Deux personnages du rap français qui ont une plume extraordinaire. Je me devais de le faire comme eux pour continuer à rapper.

En réécoutant l’album, il paraît moins difficile d’accès qu’à sa sortie en 2010. Un projet dense qui a bien vieilli.

Je suis tout à fait d’accord. Ce que je raconte dans l’album, j’avais besoin de les sortir pour avoir une suite dans mon rap. Une sorte de thérapie que je me faisais par rapport à mon vécu. Beaucoup de thèmes lourds sont abordés, si tu prends des morceaux comme ”6 minutes pour comprendre”, “J’ai 13 ans”, “Le monde entier sait”. C’est la musique que j’aime faire, mélancolique, nostalgique, axée sur l’espoir du futur et le bilan à l’instant où j’écris. 

Cela a donné un album qui a bien vieilli, c’est la chose dont je suis le plus fier. À chaque fois que je poste l’anniversaire de mon premier album sur mes réseaux sociaux, chacun partage son expérience passée ou récente. C’est une performance que l’on pouvait se permettre et peut moins aujourd’hui. Faire des projets pas spécialement à la mode, mais qui respectent certains critères et deviennent des projets intemporels. Il y a moins la place pour cela, car ce sont des réflexions sur la première semaine et le public qu’on doit ramener en concert. Un cahier des charges rigide qui ne permet pas de faire des chansons intemporelles. Je peux me tromper, on verra dans dix ans, si ce qui sort aujourd’hui, on l’écoutera encore. Dans les cinq dernières années, je trouve qu’il y a des projets qui ne sont plus écoutables. Comme me dit Imani, c’est bien de faire des chansons à la mode, mais un jour, c’est démodé.

Tu l’avais nommé Tome 1, qu’est-ce qui est arrivé au 2 ?

[Rires] Je suis toujours là, ma carrière n’est pas terminée. J’estime avoir une dette envers mon public et moi-même. Il verra le jour et a déjà quelques titres.

© Eye Shoot Stuff

Convictions culturelles

ET JE MONTRE AUX PARISIENS / QU’UN BELGE FAIT PLUS QUE DE LA FRITURE [G POINT] 

Parmi les invités présents sur LP, il y a la participation de Despo Rutti [Blood Bled] et une production de Stromae [G.A.N.D.H.I]. Sur les réseaux, t’es revenu sur l’invitation récente du premier chez Oui Hustle.

J’ai commencé le rap à une époque où en France, vous étiez très axés sur la provenance du rappeur. Avant de l’écouter, on voulait savoir de quel quartier il venait et quand tu étais belge, tu n’avais pas ta place ou devais être extraordinairement extraordinaire. Ce n’était pas intéressant ni pour les maisons de disques, ni pour les radios et encore moins pour les artistes. On ne savait pas que le rap existait en Belgique, personne n’avait encore pété, donc tout un travail d’images à faire. Je ne me rappelle plus comment on a eu son contact. On s’est retrouvé en studio et j’étais très honoré. Despo n’avait pas besoin du feat, tout allait bien pour lui. Il a écouté quelques-uns de mes titres et a voulu faire un partage en studio. Comme il le dit dans l’interview, c’est quelqu’un d’impliqué. Après notre premier titre en commun, je voulais l’avoir sur mon album, mais il était occupé et on a sorti “Abstraction” sans lui.

Stromae, je l’ai rencontré en 2006, lors de l’enregistrement d’une compil. Très simple, il était là avec son sac à dos rempli de cds d’instru, et m’a invité à écouter ses prods. Il m’a donné son portable et c’est toujours le même numéro en 2022, avec tout ce qui s’est passé dans sa vie ! Ça correspond à la personne, la tête sur les épaules et les pieds sur terre. L’instru que j’ai choisi n’était pas dans son sac, il me l’a envoyé après me l’avoir fait écouter au téléphone en pleine nuit.

Femme des années 2010

C’est mon morceau qui a eu le plus de succès. Après Le Point G qui était profond, j’avais envie d’un projet sans me prendre la tête. Univers Sale est arrivé vite. Aujourd’hui ce ne serait pas considéré ainsi, mais avant, on attendait plusieurs années avant une nouvelle sortie. Le premier sort le 26 Avril 2010 et le second, le 1er Juin 2011.

J’avais contacté le compositeur Pegguy Tabu [frère de Youssoupha]. Le titre, je l’ai écrit et posé en quarante minutes. Quand il a fait la réal autour, j’étais frileux, car ça ne correspondait pas à ce que j’avais pu faire jusque-là. Il n’arrêtait pas de me dire de ne pas m’inquiéter. J’en avais parlé à mon label, mais on l’a laissé faire et il avait raison. La piste a pris d’une manière où c’est devenu énorme, alors que la mixtape ne sortait pas en streaming. On avait fait des cartes bancaires qui se changeaient en clé USB. Lors d’un concert sold out de 400 personnes, Grödash faisait la première partie, en échange de ta place, tu recevais une carte. 

Il y a un utilisateur qui l’a mise sur YouTube, mais à l’époque, on ne calculait pas. Sur cette chaîne, Ma Femme” fait 100 000 vues en une semaine, alors que le reste n’atteignait pas les 10K. On a senti qu’il y avait quelque chose autour et décidé de le cliper. Je recevais plein de messages et peux dire que j’ai vécu des grands moments pendant 3-4 ans. Ça m’a permis de faire des scènes. Je me suis rendu compte que tu ne peux rien contrôler, lorsque la musique voyage, ce n’est pas toi qui décides. Quand je suis parti faire la première partie de Sexion D’Assaut à Kinshasa, ses membres m’invitaient à la pousser alors que ça faisait déjà un an qu’elle était sortie. Je monte sur scène et tout le monde chante dans le public.

Tu as toujours fait appel à des chanteurs (Tabu, Imani) et chanteuses (Vanessa, Ekila, Camille Yembe – qui partage ta vie). On a l’impression que ce titre t’a motivé pour te rapprocher d’artistes plus en lumière comme Mr Nov et Fanny J, sans pour autant réitérer le succès.

Il faut savoir que c’est le premier morceau qui m’a permis d’avoir un nouveau public. J’étais dans une période où il n’y avait pas de filles dans les concerts de rap, ou alors elles en écoutaient, mais ce n’était pas assumé. Le second morceau qui a eu un gros succès, c’est Erreur Fatale”. Les deux m’ont permis d’avoir un public féminin et d’exploiter une autre facette de la musique que j’aime bien, parler d’amour. 

J’ai fait des choix artistiques qui n’ont pas eu le succès mérité. Cela fait partie du jeu de la musique. Quand les étoiles s’alignent, il faut en profiter. C’est mieux quand tu as de l’expérience. Un succès pareil, aujourd’hui, je le gérerais différemment.

Union libre

IL SUFFIT JUSTE QUE MES CHANSONS TOMBENT DANS LES BONS TYMPANS [J’APPELLE À L’AIDE]

Facebook @Booba

Lors de cette publication, B2O est en clash avec le pool de producteurs belges Street Fabolous et La Fouine. Il y a peu d’espoir que tu te rapproches du 92i, car t’as déjà une carrière et l’entité correspond à un label en devenir. Est-ce que tu peux revenir sur cette période ? T’es le seul jusqu’à présent à avoir cassé en public cette image unie du rap belge qui est mise en avant par la nouvelle génération.

J’étais content en tant qu’indépendant, c’était une belle manière d’être vu et entendu, car il y a plein de gens qui m’ont découvert suite à ce post. Booba, c’est l’une de mes influences artistiques (Le crime paie, Mauvais œil, Temps mort, Panthéon) donc c’était comme une validation. Beaucoup ont eu la même réaction en ce qui concerne un éventuel rapprochement. Cela n’a jamais été ni le sujet, ni l’objectif, mais ça faisait bien nos affaires.

Je n’ai jamais considéré que parce qu’on fait le même métier il faut tous être unis. Chacun fait sa musique et il y en a qui ont des affinités, comme dans tous les domaines. Je ne trouve pas que ce soit bien de forcer les gens à être unis. Dire oui, dans le rap belge, tout le monde est uni, alors que je peux l’être plus avec un rappeur étranger.  

Pour remettre dans le contexte, Pegguy Tabu faisait partie de SF.

Non, ça n’avait pas de lien avec lui, mais on avait aussi nos histoires en interne avec Street Fab. Aujourd’hui, l’eau a coulé sous les ponts. C’est vrai qu’il y a cette image d’union, mais je vais te donner un exemple, en France, vous avez eu 13 Organisé et 93 Empire. Vous avez beau être sectaires, il y a des choses qui naissent.

En Belgique, il n’y a rien eu. L’union est belle en papier, mais elle ne porte aucun fruit, c’est dommage. On a des artistes belges qui vendent bien en France, ils ont bonne presse et un certain pouvoir. Après chacun fait ce qu’il veut. Il n’y a pas eu un concert, un morceau où ils sont tous là.

Dans ce cas, où tu places la bande originale du film Tueurs ?

Ce n’est pas une réunion, mais la volonté d’une maison de disques, alors que 13 Organisé est à l’initiative de Jul, qui a réuni d’Akhenaton au rappeur marseillais que personne ne connaissait. Tueurs ce n’est pas la même ambiance. On a Damso, Caba & JeanJass, Isha, chacun dans sa musique, ils ont tous une communauté et sont tous étiquetés rappeurs belges. Peut-être que je parle à tort et que ça va arriver. Une belle image en façade, mais derrière, il ne se passe rien, c’est le bémol. Dans ma tête, j’ai un projet de longue date, bien avant que mon pays pète, que je vais tenter de remettre sur le tapis.

Je règle mon pas sur le pas de mon père

J’AI PEUR POUR MON AVENIR QUAND JE VOIS DE QUI JE SUIS L’HÉRITIER [MES TRAVERS]

Dans 6 Minutes Pour Comprendre [Le Point G – 2010], tu évoques des faits concernant ton père, que tu nommes géniteur. Mes Travers [2012], tu as un regard plus mature sur son parcours, avant de lui pardonner dans Plus Jamais [Ying Yang – 2018]. Il y a cette idée d’impudeur propre au rap belge, comme tu le fais intensément sur le premier morceau, qui n’avait pas d’équivalent francophone.

Le premier, c’est un morceau que je n’écoute jamais, impossible, même de le rapper sur scène. J’ai déjà essayé, mais ça ne donne pas le résultat attendu et je ne passe pas un bon moment. Contrairement à Plus Jamais que j’arrive à chanter, alors qu’on pourrait penser que c’est plus dur car je parle du deuil. Cela représente deux combats différents. 

Je considère l’inspiration comme étant un don spirituel. Quand je la reçois, je ne peux pas me permettre de l’édulcorer. Elle doit sortir tel quel, c’est pour cela que ça donne 6MPC. Un morceau dur envers mon père, je suis content de la remarque sur le chemin parcouru sur les trois morceaux cités. Tout le monde n’est pas au courant et c’est important pour moi, car ça montre une cohérence sur le fait que je grandisse. 

Il y a mes dires de fin d’adolescence, avant d’être papa et d’avoir du vécu. Puis j’ai les pieds dans la paternité, la vie de couple et je commence à capter certains aspects. Vient le moment où je comprends mieux, mais je ne peux pas faire le pas de parler avec mon père, parce qu’il n’est plus là. C’est un sentier inscrit dans ma discographie. Je suis taiseux avec mon entourage et il peut apprendre ce que je ressens, en écoutant ma musique. J’arrive à le faire en rap, mais pas dans mon quotidien. C’est pur et réel, il n’y a aucun mensonge, par respect pour mon art, je ne peux pas me censurer. J’ai des débats dessus aussi bien en studio qu’avec Camille. 

En tout cas, ça m’a donné une leçon vitale, peu importe qui tu es par rapport à la personne en face de toi, tu ne dois pas avoir de jugement ni de conclusion hâtive. Ne pas écouter qu’un seul son de cloche. Chacun porte ses fardeaux. Tu ne sais pas par quoi un individu est passé pour en arriver à ce point. J’ai bien fait de passer par mes thérapies musicales.

La petite mort

(2013)

Pourquoi être passé de Gandhi à G.A.N ?

La volonté d’un nouveau chapitre dans ma vie artistique. Je ne me reconnaissais plus dans le monstre que j’avais créé. Mettre un pied en dehors de certaines barrières que je traînais. Prendre un nouveau départ en adaptant mon blaze, sans pour autant choisir un nom éloigné. On m’appelait déjà ainsi. Je reviens sous le nom de Gandhi avec mon EP Germinal.

Roi des belges

Quels sont les rappeurs de ta génération ?

Za, Scylla, Convok et James Deano avec qui j’ai croisé le fer dans les mixtapes. Il y en a d’autres que j’ai oubliés.

LE DJ PASSE DU DAMSO / BIATCH ME DEMANDE SI JE SUIS JALOUX [RIHANNA]

Quel regard portes-tu sur ta paternité supposée sur le rap belge ?

Je n’ai rien dit à part de l’egotrip [En Chair Et En Locks / Ying Yang] car c’est le jeu pour grossir les traits. Tous les artistes ont leur chemin, on ne parle pas spécialement d’âge, tout est une histoire de développement. Je suis ravi d’entendre que j’ai pu participer à ce chemin et prends ça comme un salaire. Frenetik me cite souvent, mais le dernier qui m’a surpris en interview, c’est Ben PLG. Il a sorti une phase d’un morceau peu connu que je kiffe.

Quand mon cœur passe aux aveux / Je découvre mes textes en même temps que vous [J’Rends Les Pupilles Humides]

D’ailleurs comment tu te retrouves sur la réédition de Jeu de couleurs : Couleurs du jeu ?

Il m’a tout simplement contacté et m’a dit que c’était logique. Je le connais depuis longtemps, car il vient de mon quartier et je l’avais déjà pris en première partie. 

En 2014, t’as été invité par Makala. 

Une chouette rencontre, je ne le connaissais pas avant, c’est mon manager qui me l’a fait découvrir. J’aime son délire et le comportement qu’il a avec son public. C’est un honneur d’avoir Pepele dans ma discographie.

Fondations solides

Que deviennent Ekila, Vanessa, Frank Lucaz, Imani et Pegguy ?

C’est avec Imani que j’ai travaillé sur mon prochain EP, notamment sur la direction artistique. Il a monté le label Moyo avec Stéfi Celma (actrice-chanteuse) sur lequel ils sont signés. On travaille sur différents projets, notamment sur ma musique, celle de Camille Yembe (auteure-compositrice-interprète), qui a écrit le premier single de Stéfi. Tous les gens cités, c’est la famille, on se voit tout le temps. Frank reste mon meilleur ami, il est dans la production et s’occupe de différents artistes qu’il développe, notamment Bakari, rappeur liégeois. Il ne réalise plus de clips, mais donne son avis ou fait de la co-prod. Vanessa, pas de nouvelles, malheureusement parce qu’elle avait une voix et un talent. Je ne pense pas qu’elle chante encore. Tout comme Ekila, qui est dans l’équipe qui s’occupe de la gestion d’images du Docteur Mukwege au Congo. Je vous dirige vers sa page Instagram, pour des informations plus correctes, car elle partage des actualités importantes. Pegguy habite au Luxembourg, toujours dans la composition et gestion d’artistes.

Il y a deux phases qui se rejoignent entre ton premier et avant-dernier album [Texte Symbole] où d’une part, tu rappes “J’ai obtenu mon diplôme / Aujourd’hui je taffe ou je rêvais de braquer” et de l’autre “Je galère dans le peura / Je ne sais pas ce que t’envies / Je fuis ma famille qui suppose que j’en vis”

Le rap m’a apporté au-delà du matériel. Si je n’avais pas fait de la musique, je n’aurais pas su par où commencer pour m’ouvrir. J’ai grandi dans ce que vous appelez une cité HLM. On en sortait jamais. Sans le rap, j’y serais peut-être encore. Une seule manière de voir les choses, en étant fermé au monde extérieur. Ça fait très bateau ce que je vais dire, mais grâce à la musique, j’ai pu rencontrer des gens de toutes les couleurs et tout horizon. Il y a des faits sociétaux que je ne peux plus dire, car ma vision a évolué.

L’autre côté, à un moment, il faut vivre, avoir de l’argent, pour participer à la société. Je n’ai pas pu avoir la chance de vivre de ma musique, ce qui me pousse à dire ce genre de phases. Ma famille est au courant de tous les sacrifices que j’ai dû faire. Tout ce que j’ai pu mettre comme temps, argent et espoir. Elle voit que je vais bien, mais à un moment supposait que j’en vivais. 

Ce qui est fort, c’est que certains artistes parlent de moi en interview. J’ai mes enfants qui m’ont toujours vu comme une superstar. Ils sont là quand les gens m’arrêtent dans Bruxelles, mais se questionnent sur ma position médiatique et professionnelle. Dernièrement, c’était une interrogation devant Nouvelle École par rapport à mon absence, en tant que coach. Avant d’être émerveillés lorsque Ben PLG me mentionne sur Clique. Je les cite beaucoup dans ma musique. Parce qu’on grandit d’abord avec les potes du quartier et ce sont eux qu’on cite dans nos chansons. Puis vient le tour des enfants, qui deviennent tes potes.

© Eye Shoot Stuff

Après l’acte

Quel est le meilleur album de ta discographie ?

Texte Symbole à sa sortie, tout le monde me disait que c’était celui de la maturité. Je n’aimais pas ce type de retours, car je voulais juste qu’il soit pris comme un album et l’ai compris après coup. L’impression que je maîtrise mieux ce qui pouvait être décousu avant. Ma manière de parler d’amour, de moi, mes affinités par rapport à certaines compositions. J’adore les instrus tristes et je pourrais en faire un disque entier. 

Dans TS, j’ai pu faire des chansons tristes qui étaient différentes les unes des autres. De tous, c’est le seul que j’écoute encore de temps en temps. Je regrette ”Il suffit de croire”, car je tenais tellement à mettre Pegguy en feat sur l’album que j’ai forcé, mais c’était une erreur. L’autre regret, c’est que je trouve qu’on s’est trompé sur le choix des singles et la présentation de l’album. On n’a pas pris le bon axe et aurait dû clipper ”L’amour change”, ”Sans elle”, ”Vite”, ”Parent seul”.

Quels sont les dix titres qui te définissent ?

Abstraction, L’amour change, Mes travers, Je me cache pour pleurer, Vite, Instable, Plus jamais, Affolant, Effet boule de neige, Un coucou.

Il y a un an, tu sortais Instable, est-ce qu’il sera sur Germinal ?

Non, il reste un single libre, même s’il s’inscrit dans la ligne directrice. Ce sera ce Gandhi-là, si je peux parler de moi à la troisième personne. Il va sortir sous ce nom, car je reviens sur mes premiers amours artistiques. 

Pour la petite histoire, j’ai publié l’audio sur mon instagram et eu un magnifique retour. Celui d’un directeur de prod vidéo, Roemsha qui m’a contacté pour m’offrir le clip avec de gros moyens. Les gens doivent savoir ça ! La force de la musique, tu partages une chanson qui t’offre une opportunité inattendue.

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