Lomepal revient avec Jeannine, son deuxième album studio, 1 an et demi après FLIP. L’occasion de découvrir un album plus personnel, plus homogène mais aussi plus anecdotique.
Hymne à la folie
Jeannine débute avec Ne me ramène pas. Pensée comme une comptine, la progression du morceau est ascendante. La production va petit à petit se développer, tout comme la voix de Lomepal. On ressent d’ailleurs à ce sujet une véritable prise en confiance, il osera tout le long de l’album des notes qu’il n’a jamais tentées auparavant.
Soutenu par une douce mélodie, Lomepal commence ici à disséminer ce qui servira de fil rouge tout le long de l’album : la folie de sa grand-mère. « Ma grand-mère était folle et elle m’a transmis son pouvoir » chante t-il. Il y fera également allusion sur le morceau Beau la folie.
Étonnamment introspectif, Lomepal se confie sur les maux qui ont détruit sa famille, allant jusqu’à qualifier sa famille de malsaine et regrettant de n’avoir pas vu sa grande sœur depuis plus de 10 ans. On peut toutefois regretter que le concept n’ait pas été poussé jusqu’au bout : ce qui était sensé être l’axe central de l’album ne sera finalement évoqué que sur 2 morceaux et par des extraits audio d’entretiens avec sa mère.
Les sujets de Jeannine sont finalement assez reliés entre eux : il y est question d’amour, de célébrité, de confiance en soi et de succès. Lorsqu’il y a tentative d’étoffer le spectre thématique de l’album en créant un thème artificiel, cela tombe tout de suite à l’eau. La vérité est à ce titre un échec total. En utilisant un thème assez piégeux et inintéressant au final (l’hypocrisie de l’entourage des rappeurs lorsque ceux-ci font de la mauvaise musique), Lomepal bride d’emblée le champ des possibles pour lui et son invité, Orelsan.
Le refrain ininspiré en est l’exemple le plus notable. Les performances rap sont également survolées, il y a très peu de volonté sur ce morceau, que ce soit le refrain ou les couplets faciles, le thème semble hors-sol avec le reste de l’album et ce n’est définitivement pas une collaboration de haut-vol.
Un album homogène mais moyen
L’album est très homogène dans sa couleur musicale et l’ambiance froide/mélancolique se fait clairement ressentir. Seulement l’homogénéité n’est appréciable que lorsqu’elle prend ses bases sur de solides fondations. Décliner une dizaine de fois un morceau moyen n’a que peu d’intérêt.
En l’occurrence, Jeannine sonne comme un bloc compact sans transcendance. Là où FLIP était un conglomérat hétérogène de morceaux excellents où le morceau précédent n’avait rien à voir avec le suivant, aucun morceau ne se détache clairement de Jeannine, qui sonne beaucoup plus pressé et facile.
Jeannine est la continuité de la volonté qu’a Lomepal de se détacher du rap et d’être vu sous l’étiquette plus complète d’artiste. Il va pour ceci utiliser le chant beaucoup plus souvent et lisser ses productions. Cependant ses chants et ses intonations sont moins inspirés, et lorsqu’il y a variation, c’est pour côtoyer l’inutilement grandiloquent (Trop Beau). Bien entendu malgré beaucoup de refrains gâchés, certains sortent clairement du lot (Lendemain de l’orage et Beau la folie).
Lomepal est plus efficace pour envoyer des émotions fortes que des émotions tristes, c’est pourquoi Jeannine est infiniment plus faible que FLIP. En forçant le trait mélancolique et triste, Lomepal sonne faux. Pire que tout, il sonne même léthargique (Le vrai moi). Certains morceaux peuvent être intéressants mais sont d’emblée entachés par la prise excessive de confiance de Lomepal sur le chant (Trop beau, Ma cousin).
Finalement très peu de morceaux valent vraiment le coup. X-Men porte sur les relations amoureuses et la fierté. C’est lorsqu’il va sortir du chant que ses faiblesses rap paraitront au grand jour, le morceau est sauvé par la prestation de JeanJass, beaucoup plus marquant en lines et également plus efficace en rimes.
Évidemment est à ce titre le meilleur morceau de l’album, en terme de rap et de profondeur. Lomepal laisse entrevoir les retombées à la fois positives et négatives que la célébrité peut avoir sur son rapport aux femmes. Le reste oscille entre le fade (Gosses, Le vrai moi, 1000 degrés) et l’assez moyen (Plus de larmes, Ma cousin).
En s’empressant de dévoiler son deuxième album, Lomepal nous fournit un projet sans effort palpable. Ce qui résulte d’un album parfaitement écoutable et peut-être même appréciable à certains moments, mais dont personne ne se souviendra l’année prochaine ou peut-être même le mois prochain.